Un monde sans pitié
Le 15 avril 2003
L’histoire de Fio Régale, artiste peintre en pleine gloire. Souvent décalé et absurde, le dernier roman de Martin Page est un bonheur de loufoquerie et d’inventivité.
- Auteur : Martin Page
- Editeur : Le Dilettante
Dans son enfance, Fio Régale n’a pas été très heureuse. Autour d’elle, tout le monde s’efforce de mourir. C’est comme un acharnement du destin. Adolescente sans joie, elle devient grande sans enthousiasme ; le temps passe. De mésaventures en malchances, de désastres en épreuves, sa vie est un roman. Jeune fille à part, douée d’une ingéniosité débordante (il faut voir comment elle gagne sa vie !), elle a souvent une attitude proche du renoncement. Vivant seule dans un monde qui lui paraît loin et hostile, elle s’est tout de même liée d’amitié à Zora Marprelate, ancienne mannequin devenue misanthrope à temps plein. Joyeux duo associable et cynique. Mais surtout, Fio est une artiste peintre qui s’ignore. Sans en avoir conscience, elle est la nouvelle coqueluche des galeries d’art. Son existence va prendre un autre tournant. Evidemment, bien malgré elle...
Rien de tragique ni de complaisant dans la succession de malheurs qui fait la vie de Fio Régale. Pas de pitié. Martin Page n’est pas du genre à se vautrer dans la complaisance misérabiliste. Au contraire, il se contente de raconter avec une distance bienheureuse. Sous la plume du jeune auteur, les malheurs de Régale deviennent risibles.
"Le roman est le lieu ou l’imagination peut exploser comme dans un rêve", écrit Kundera. Avec Martin Page, on est, alors, véritablement dans le roman. Il a le don de créer des univers à part, des personnages atypiques et des situations cocasses. Et puis tout se passe comme dans une rêverie, avec cette logique propre à cet état de semi-inconscience. Cette logique absurde qui est, en fait, celle de la vie. Avec ces rebondissements, ces événements qui dépassent les protagonistes, il façonne un univers.
Son récit illustre la capacité qu’il a de jouer avec le monde, de transformer la réalité, de torturer la vie. L’humour à fleur de mots, il raille notre monde. Son style fait de phrases simples qui se juxtaposent sans vraiment avoir de rapport direct produit souvent un effet d’absurde. Ce nouveau livre confirme son talent d’écrivain. C’est léger, c’est frais, c’est inventif. Jouissif !
Martin Page, La libellule de ses huit ans, Le Dilettante, 2003, 252 pages, 16 €
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2 novembre 2004
La libellule de ses huit ans - Martin Page - critique livre
une lecture des plus réjouissante.
Malgré tout moins touchante que dans son précedant roman...
Il reste quand même indispensable à lire...