Si c’est un homme
Le 3 novembre 2004
Un roman effrayant d’humanité qui éclaire d’une lumière crue la notion de culpabilité.
- Auteur : Akira Yoshimura
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
26 ans : c’est le temps qu’il aura fallu pour que La guerre des jours lointains soit traduit en français. Une longue attente, mais que la lecture de ce roman effrayant d’humanité compense amplement.
La faculté de la nature humaine, non seulement à oublier, mais pire, à reproduire ses erreurs, est terrifiante. Bien sûr, il n’est pas besoin d’avoir lu La guerre des jours lointains pour s’en rendre compte, mais à l’heure du conflit irakien, des exactions en Tchétchénie (pour ne citer que ces conflits), le livre d’Akira Yoshimura trouve une résonance toute singulière. Comment devient-on un criminel de guerre ? A l’aune de quels critères l’homme peut-il être jugé ? Existe-t-il un rapport de proportionnalité dans le crime ? C’est à ces questions, parmi d’autres, que Takuya Kiyohara, le héros de ce roman insupportablement humain, apportent non pas des réponses, mais des pistes de réflexion.
L’officier Kiyohara est un militaire japonais irréprochable, chargé de la surveillance des attaques aériennes américaines. Mais nous sommes en août 1945, la fin de la guerre est imminente et avec elle, son lot quotidien d’humiliation pour une population dont l’honneur est une valeur fondamentale. Le pays est à feu et à sang, bombardé sans relâche par des B29... jusqu’à la capitulation et c’est le lendemain que la vie du jeune lieutenant bascule. Son colonel ordonne l’exécution de 17 prisonniers américains et Kiyohara se porte volontaire pour décapiter un aviateur. Commence alors des longs mois d’errance et de solitude à travers son pays exsangue : les Américains occupent le Japon et l’accusent de crime de guerre. Pour ceux qui sont reconnus coupable, une seule issue : la pendaison.
La guerre des jours lointains n’est pas un roman historique. Il ne s’agit pas non plus à proprement parler d’un réquisitoire contre la guerre. L’écriture rigoureuse et distanciée de l’auteur empêche tout parti pris. Le portrait du soldat, ses interrogations sur l’impunité de ceux qui ont largué aveuglément des bombes sur Hiroshima, mais aussi ses angoisses, son sens des valeurs n’en est que plus universel et interroge sous un angle nouveau la notion de culpabilité.
Akira Yoshimura, La guerre des jours lointains (Toi hi no senso traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle), Actes Sud, 2004, 288 pages, 22 €
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frédéric 3 décembre 2004
La guerre des jours lointains - Akira Yoshimura
c’est un bon roman qui touche le coeur du probléme a savoir ,l’homme a t’il une mémoire
et peut-il s’en servir a bon escient
et est il toujours un homme doué de réflexion et de jugement dans ces conditions d’atrocités