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Le 5 septembre 2005
Somoza peaufine un monde maléfique et terrifiant où la puissance de la création ne se maîtrise plus.
Somoza peaufine un monde maléfique et terrifiant où la puissance de la création ne se maîtrise plus.
Un poète torturé, une femme en errance, tous deux réunis par un rêve, identique et terrifiant. La clé du songe les mène au-delà des limites, dans un monde où les mots transpercent jusqu’à la mort, maniés par douze dames, muses ou Parques. Ou treize ?
Les traductions de José Carlos Somoza nous arrivent au compte-gouttes. La dame n° 13 est le troisième roman paru en français, sur près de dix titres publiés en Espagne. L’auteur y reste fidèle au monde fantasmagorique qu’il construit depuis ses premières œuvres. Le mystère est toujours celui de la création, des forces obscures qui conduisent l’homme aux limites de sa perception, dans des sphères qu’il ne maîtrise plus. La caverne des idées explorait bien sur cette veine, reprenant un argument déjà abordé dans Cartas de un asesino insignificante, celle du traducteur happé par son texte. Clara et la pénombre s’aventurait dans les dérives perverses de l’art contemporain, un pouvoir de l’image dont il était déjà question dans La ventana pintada.
Ici, c’est le verbe qui est au cœur du propos. Les bases étaient déjà posées dans Dafne desvanecida. Somoza pousse l’image dans ses extrémités, prenant au pied de la lettre ce pouvoir que l’on donne aux mots, cette puissance dévastatrice de la parole. Les mots tuent, torturent, anéantissent, les phrases s’affûtent comme des armes blanches, tranchantes, acérées, à condition de savoir les manier. Les dames, gardiennes de ces mots de pouvoir, peaufinent des rituels sabbatiques derrière lesquels pourrait se profiler l’héritage d’un Lovecraft. Car le talent de Somoza est encore une fois de triturer les mythes fondateurs de la littérature pour les modeler à son image. On est bien ici dans le satanisme de la connaissance, le pouvoir d’un savoir maudit depuis la chute !
On est aussi dans le pouvoir du mot, la magie de l’incantation. Nommer, c’est dominer, c’est prendre un pouvoir sur l’autre. Un pouvoir clairement exprimé dans les romans de la Table Ronde, où Perceval refuse de se nommer, de "donner son nom", à l’image de la treizième dame, innommable, elle aussi, pour ne pas laisser accès à soi.
Somoza, lui, nous égare avec bonheur dans un monde terrifiant dont il explore inlassablement les cercles maléfiques.
José Carlos Somoza, La dame n° 13 (La dama n°13, traduit de l’espagnol par Marianne Millon), Actes Sud, 2005, 423 pages, 23 €
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