Chanson française
Le 22 octobre 2002
D’un abord hermétique malgré des atours somptueux.
- Artiste : Bashung, Alain
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D’un abord hermétique malgré des atours somptueux, L’imprudence est un album qui ne se laisse apprivoiser qu’avec le temps.
Fantaisie militaire aurait pu être le dernier disque d’Alain Bashung. Réussite artistique parfaite, il consacrait le succès du chanteur auprès du grand public, après des tubes isolés dans une œuvre parfois ardue. Mais c’était aussi un sommet difficile à dépasser et ce n’est pas par hasard si Dans la foulée rend hommage à l’acte insensé de Marie-Jo Pérec aux Jeux olympiques de Sidney : disparaître au lieu de se soumettre à une pression devenue intenable. Plutôt que de tout planter, le chanteur s’accorde le luxe de dérouter : pour annoncer l’album, il lâche un morceau, Faites monter, qui parle de ciguë dès les premières lignes et dont le refrain enjoint de "faire monter l’arsenic"...
La principale liberté qu’Alain Bashung s’est offerte avec L’imprudence est cependant de sortir du format classique de la chanson. Sans tout révolutionner : malgré des allusions appuyées à Soft Machine ou à John Cage, on n’est pas si loin de l’esprit de Fantaisie militaire. C’est d’ailleurs à peu près la même équipe qui s’est remise au travail (sans les Valentins qui avaient co-écrit La nuit je mens), en explorant quelques pistes ouvertes par les titres les plus abstraits de ce précédent album. Seuls une poignée de morceaux comme La ficelle ou Est-ce aimer, sur lesquels interviennent des guitaristes de la pointure de Marc Ribot ou Arto Lindsay, nous ramènent en terrain connu. Ailleurs ce sont de grands aplats de violons très expressifs qui dominent, brutalement interrompus dans des soubresauts électroniques glacés.
Certains pourraient reprocher à L’imprudence sa trop grande noirceur. Alain Bashung et son parolier, Jean Fauque, versent peu dans la franche gaieté. Mais derrière les évocations mortifères de radioactivité du Dimanche à Tchernobyl, on s’aperçoit qu’il y est quand même question d’amour, superbement paré de samples électro-nucléaires. Ailleurs, Bashung met en question sa propre identité : Faites monter déconstruit non sans ironie l’égocentrisme du milieu artistique. Dans Tel, qui ouvre et conclut l’album, le chanteur s’enjoint de se mettre en danger, pour atteindre enfin la hauteur de modèles rêvés : Attila, Perceval ou Harvey Keitel.
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