L’illusionniste

Les confessions d’une femme adultère au bord du gouffre. Son désir, ses secrets...

L’illusionniste est le nouveau volume paru chez les étonnants Ego comme X [1]. Un roman croustillant qui traite de l’adultère avec la claire intention de consterner. Les premières pages nous décrivent une femme rêveuse et lasse. La routine s’est installée depuis peu dans son couple. Un éditeur féru de son travail la complimente sans cesse et fait le nécessaire pour la rencontrer le plus souvent possible...
Une candidate à l’adultère lambda jusqu’ici. Mais s’agit-il de l’amant ténébreux, spirituel et revenu de l’enfer ? Pas du tout ! Un gros. Un laid. Et bouffi d’orgueil avec ça ! Un vantard râblé et périmé, parvenu au rang très distingué des mâles alpha depuis sa dernière thérapie. Or, si sa cour est assez maladroite pour constituer une anecdote que la narratrice va jusqu’à partager avec son mari, elle finira très vite par succomber. Elle commence alors à nous surprendre.
Ce qui déroute ? Le récit se révèle peu à peu comme une lettre rédigée à l’intention de l’épouse trompée. Tous les chapitres commencent d’une manière identique : "Vous ignorez tant de chose". Cette condescendance, comme une manifestation incontournable d’un lien établi entre la maîtresse et la femme trahie, tangue jusqu’à la dernière ligne entre la compassion idiote et une inclination perverse pour l’ambiguïté. A travers ses descriptions de nuits d’amour et le dévoilement d’une intimité politiquement incorrecte, la narratrice, grisée par cette sensation de clandestinité nouvelle, s’offre et impose à sa correspondante le simulacre d’une vie à deux.
Cette longue lettre semble soumise à sa triste destinataire comme le long et pénible épilogue d’une aventure qui s’est intégralement déroulée à son insu. Une simple histoire d’adultère à première vue, un thème archiusé mais que Virginie Cady sait renouveler avec crudité, cruauté et beaucoup d’intelligence.