Le 15 octobre 2003
L’île Maurice... Ses bars, sa moiteur et ses douleurs. Bertrand de Robillard campe un personnage plein de désespoir et de résignation, englué dans un passé pas très clair.
L’île Maurice... Ses bars, sa moiteur et ses douleurs. Bertrand de Robillard campe un personnage plein de désespoir et de résignation, englué dans un passé pas très clair.
Cet "homme qui penche" n’a pas plus de nom que d’équilibre. Il erre sur l’île Maurice, dans la ville de Curepipe, champion des bars parallèles sur Curepipe Road. Le Santiago, le Macao, le Café de Colombo, le Bar Mama. Autant de noms qui fleurent bon un ailleurs inaccessible. Le remède à tout, c’est le rhum. Le rhum qui le fait définitivement pencher, constamment sur la corde raide, et lui fait perdre sa lucidité : "Quelqu’un vous a dit un jour que, quand vous marchez, vous donnez l’impression de pencher. Quelqu’un vous l’a dit ou vous l’avez inventé ?".
Hugo, un vieux pote croisé par hasard, lui propose d’embarquer à la Réunion, à bord d’un yacht qu’il doit ramener là-bas. Contrebande ? Juste besoin de quelqu’un pour lui tenir compagnie ? Allez... Quelques verres dans le nez et l’affaire est réglée. Il part aussi. Et le passé se dévoile, verre après verre, rencontre après rencontre. Le passé et ses douleurs. Et cette fois, tout se met vraiment à pencher.
Le style de Bertrand de Robillard est d’une limpidité absolue. En choisissant de mener son récit à la deuxième personne du pluriel, il installe un "vous" de proximité, intime, confessionnel. Il nous conte l’histoire d’un homme qui tourne en rond, attiré par ce qu’il déteste, dépendant de ce qu’il ne peut plus supporter, sur une île où on est bien forcé de faire les cent pas. Il est encore et toujours question d’échecs, de douleurs, de peines et de cicatrices jamais refermées.
Un drôle de petit roman, original et surprenant. Cette vie d’avant est-elle rêvée ? Fantasmée ? Finalement, le meilleur remède au chagrin n’est-il pas de se réfugier dans ses souvenirs (ou de les inventer) afin de ne pas sombrer ? Est-ce l’alcool qui pousse et accentue le délire ? Un univers lourd de secrets et de non-dits, habité par le doute et les illusions. Et un premier roman sur lequel on mérite de se pencher.
Bertrand de Robillard, L’homme qui penche, Editions de l’Olivier, 2003, 137 pages, 15 €
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