Mortelle randonnée
Le 10 décembre 2003
Pierre Drachline continue de courtiser la Camarde. Poésie sombre et ironie mortifère au rendez-vous.
- Auteur : Pierre Drachline
- Genre : Roman & fiction
L'a lu
Veut le lire
Elle rôde la nuit, flâne le jour, mais n’est jamais très éloignée de nous en vérité. Pourtant, tout a été entrepris ces dernières décennies pour l’effacer de notre quotidien quitte à la célébrer à la sauvette entre deux rendez-vous. Mais certains comme Pierre Drachline n’hésitent pas à nous rappeler sa présence en l’invitant dans ses livres. La mort, car il s’agit bien d’elle, est de nouveau l’héroïne de son dernier livre, L’enchantée.
Deux êtres se rencontrent dans l’un des endroits les plus incongrus qui soient : un cimetière. Chacun prend en effet plaisir à assister à distance aux enterrements d’inconnus et leurs cortèges de tristesse et d’indifférence.
Le mortimiste tel qu’il se dénomme lui-même en référence à l’œuvre de Louis Calaferte, ne manque néanmoins pas de s’intéresser à cette jeune femme sauvage qui sourit en retrait au passage de la Camarde.
Cette esthète du mal de vivre cultive en effet avec autant de soin que le mortimiste sa haine des mort-vivants qui encombrent le théâtre social et leurs trafics de boutiquier. "Entrée par effraction dans l’imaginaire du mortimiste", vite, elle emprunte ses pas et séduit suffisamment ce misanthrope pour qu’il la surnomme l’enchantée, en référence à ces sorcières que l’on brûlait au temps de l’Inquisition.
Tous deux plongent de concert dans une promenade aussi noire qu’onirique en marge du monde tandis que plane le souvenir d’un vieillard décédé, seul ami de l’enchantée et fasciné toute une vie durant par la tentation du suicide.
Les errances et souvenirs de ces désespérés hantés par la mort et le dégoût de n’avoir pas encore su lui échapper donnent prétexte à la construction d’un monde parallèle où la morosité tient compagnie à un cynisme apparent.
Pierre Drachline donne libre cours à une belle prose mélancolique qui n’émouvra néanmoins guère le lecteur s’il n’est adepte des imaginaires lugubres.
Pierre Drachline, L’enchantée, Le Cherche Midi, 2003, 163 pages, 14 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.