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Le 3 septembre 2003
Un premier (mini-)roman dans l’air du temps : sec et désespéré.
Un premier (mini-)roman dans l’air du temps : sec et désespéré. N’y a-t-il vraiment rien d’autre à faire que ramasser les miettes ?
Dans le cadre d’un contrat de réinsertion, Joanny-René a eu le choix : s’occuper des vieux ou enlever les poubelles. Il a préféré les poubelles. Du lundi au vendredi, il nettoie les rues avec son "coéquipier", le vieux Gaston, et taquine les rats au passage. Mais un jour, Gaston tombe et se fait broyer par la benne à ordures, sous l’œil (impassible, inerte, indifférent) de Joanny. C’est le début d’une hécatombe : tous ceux qui approchent le jeune homme meurent. Cela aurait-il un rapport avec les miettes qu’il ne cesse d’égrener sur son passage ?
Dans ce premier roman court et sec, Didier Romagny met en place un petit univers pessimiste, vide d’espoir et de sens, qui n’est pas sans év/invoquer les mânes d’Emmanuel Bove et de Houellebecq. Quelques pages inspirées (la balade au cimetière) laissent entrevoir une belle écriture rongée, teigneuse, rebelle et fière. Mais L’émietté pâtit beaucoup d’un abus de tics en vogue chez les jeunes plumes de chez nous : un "vous" péremptoire qui force la connivence (le livre dont vous êtes l’antihéros ?), le ronflement pénible de formules un peu vaines ("Le monde est une chose horrible parmi tant d’autres", "Aujourd’hui, même les morts ont leur banlieue", "Vous êtes un occupant du reste, donc vous n’êtes pas ce reste"...), bref, toute une ferblanterie postmoderne qui, au final, agace un peu et ne parvient pas a rehausser la fragilité de la trame.
Oui, d’accord, on vit une sale époque : le fric règne, on s’ennuie, Dieu est mort, comme l’amour, tout se vaut, tout est gris, on est dégoûté par le cynisme mais trop feignants (malins ?) pour la révolte. Mais un écrivain est-il vraiment contraint pour décrire ce marasme à tomber lui aussi dans la catatonie, à se contenter de ramasser les miettes ? Ne peut-il transmuer la merde en or ? Didier Romagny semble en avoir les moyens, on attend de lui qu’il relève le défi. Peindre "la mise à nu des valeurs pour en faire surgir de la fantaisie, des sons, des rythmes, des voix, des mots d’une beauté confondante, en un mot, de la jouissance", comme l’écrivait récemment à propos d’autre chose Philippe Val dans Charlie Hebdo.
Didier Romagny, L’émietté, Flammarion, 2003, 95 pages, 12 €
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