L’eau à la bouche

Une histoire d’amour sur fond d’hymne au mélange des cultures et à la bonne chair. Savoureux.

Chair et bonne chère ont partie liée, l’affaire est entendue. Omar a appris cette leçon dès l’enfance, auprès d’un père intensément épris de la vie, courageux opposant au franquisme, dont les séjours en prison alternaient avec de réjouissantes agapes. Un héritage ambigu qu’il apprend à digérer de port en port, lorsqu’il s’embarque comme marin et cuisinier. A Paris, il tombe fou amoureux d’une chanteuse de cabaret, Marina. Venue de Roumanie, elle aussi trimballe un lourd passif familial. Saura-t-elle s’abandonner, grâce à lui, à la saveur du monde ?
Avec L’eau à la bouche, José Manuel Fajardo tisse un récit joyeux et plein de vie, malgré la gravité sous-jacente des thèmes explorés. Que faire de ce que nous ont légué nos pères ? Comment trouver sa place dans le monde ? Dans cette quête, avance José Manuel Fajardo, plaisir et générosité sont les meilleurs guides. Au passage, il rend un réjouissant hommage à ce Paris fabuleux que seuls les déracinés savent voir : un royaume du métissage, mais aussi de la rencontre magique chère à Cortazar, "héros du bonheur" et de l’exil enchanté, sur la tombe duquel, comme de juste, se recueillent Omar et Marina. Un roman à savourer.