Australie fantastique
Le 23 mars 2020
Un fantôme dans un arbre (ou un arbre fantôme ?), une nature insoumise et une mère passionnée... vus par les yeux d’une fillette qui a du mal à faire son deuil. Emouvant, exotique et fantastique.
- Auteur : Judy Pascoe
- Editeur : Autrement
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Anglaise
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Résumé : Pour Simone, une petite Australienne de dix ans, les choses sont simples : les saints sont au ciel, les anges {"ont des ailes extensibles comme Batman"} et son papa - mort récemment d’un arrêt cardiaque - est allé vivre dans l’arbre derrière la maison. En grimpant suffisamment haut dans les branches du formidable flamboyant, elle peut même entrer dans un autre monde et parler avec lui. La fillette fait part de sa découverte à ses frères et à sa mère, femme-enfant excentrique, libre et passionnée qui déserte bientôt sa chambre pour aller passer ses nuits sous les frondaisons. Les bigotes du voisinage commencent à jaser... Et l’arbre resserre peu à peu son emprise sur la maison : ses racines déchaussent les canalisations, ses branches étreignent de plus en plus étroitement la façade... Comment réagira-t-il quand Simone et sa mère tenteront de s’éloigner pour faire leur difficile travail de deuil ?
Critique : Emouvant, exotique et fantastique... Ainsi pourrait-on qualifier rapidement (trop rapidement) l’excellent premier roman de Judy Pascoe, jeune dramaturge australienne établie au Royaume-Uni. Emouvant bien sûr, parce qu’on évoque ici la mort d’un proche et la manière de "vivre avec" - non de la surmonter. Exotique parce que l’histoire a pour cadre la province du Queensland, au nord-ouest de l’île-continent, un territoire littéraire relativement "vierge", en tout cas pour bon nombre de lecteurs français : on découvre ainsi des paysages étranges, un climat inconnu (sous-tropiques cyclothymiques), une faune intrigante (cacatoès, opossums, grenouilles couleur citron vert, renards volant la nuit dans les manguiers...), des hommes et des femmes laconiques et rudes, à l’âme superstitieuse, aux manières de pionniers. Fantastique parce que la romancière s’exonère de tout ancrage spatiotemporel précis (flou artistique sur la ville-banlieue décrite et sur l’époque des événements) et exalte - à travers les yeux et la voix de la fillette - la puissance primitive des êtres et des éléments. Une enfant, un fantôme, une nature violente et magique qui fait craquer les coutures des conventions sociales... On n’est pas étonné d’apprendre que Judy Pascoe est grande lectrice de Henry James, de Graham Greene et d’Evelyn Waugh. Les cinéphiles feront également le rapprochement avec l’univers de Jane Campion première époque, celle de Un ange à ma table et surtout Sweetie, où il est aussi question d’arbre, de racines, de mort et de folie.
Judy Pascoe, L’arbre du père (Our Father who art in the tree, traduit de l’anglais par Anne Berton), Autrement, 2003, 175 pages, 14,95 €
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