Ulysse 1781 T.2 - La chronique BD

En 1781, Ulysse McHendricks tente de rejoindre sa femme, embarquant avec ses mercenaires et son fils. Pour rejoindre New Itakee, ils vont devoir passer par une vallée oubliée et dangereuse, où le temps et les esprits sont flous. C’est le domaine d’un géant indien mangeur de chair humaine, qui a réussi à capturer tout l’équipage...

© Delcourt

Après un premier tome introductif, mettant en place les lieux et personnages, cette suite vient clore la parenthèse du Cyclope en donnant une large dose d’adrénaline à tout le monde : de l’action, cet Ulysse 1781 en regorge. À la manière d’un film comme Predator, le héros et le monstre vont s’affronter tout au long de l’album, se chassant tour à tour, se blessant, se mutilant jusqu’à ce que l’un des deux ne s’avoue vaincu. Ce duel, bien évidemment épique, laisse cependant de côté les autres personnages qui avaient la richesse du premier opus. Hormis un chasseur indien prisonnier, qui va donner un arrière plan fait de mythe et de malédiction à la vallée et au fameux cyclope, les compagnons d’Ulysse sont un peu oubliés, dans le but de faire la part belle au héros. Courage, abnégation, petit clin d’œil à une ruse éventée, le Ulysse ne fait pas dans la dentelle, tout en muscles comme Schwarzenegger plutôt que s’appuyant sur ses seules facultés mentales. La fin rappelle que cette aventure n’est que la première d’un long voyage, même si la femme du héros, qui l’attend sous la menace des Anglais, doit commencer à trouver le temps long...

Vengeances, trahisons et sacrifices jalonnent cet épisode, marqué par une violence sauvage et une humanité mise en suspens, que ce soit dans le combat d’Ulysse ou dans les souvenirs racontés par l’Indien, sur une vallée dévastée par un prêtre fou. La revanche de la terre et des esprits sur les hommes, matérialisée par ce cyclope (qui doit son nom au symbole d’un œil unique sur son torse) qui tantôt tue, tantôt épargne, tantôt écorche sans réelle logique, comme s’il était voué à ne pas vaincre et laisser vivants les héros. Sa mort est en effet le début de la malédiction d’Ulysse dans l’Odyssée, et le choix du héros de ne pas épargner l’Esprit va peut être lui valoir un voyage de retour plus long... Du coup, la paire Dorison-Hérenguel peut se donner encore dix années de travail et pas mal de tomes pour tout retranscrire, pour notre plus grand plaisir.

© Delcourt

Orienté survivalisme, d’une tonalité épique bien plus forte que son prédécesseur, le tome 2 d’Ulysse 1781 rend à nouveau un bel hommage à l’œuvre d’Homère, réinventant le combat contre le Cyclope dans une lutte plus terre à terre, mais tout en jouant avec les tréfonds de l’âme humaine au milieu du sang versé et des cris de haine. Pour sûr, Ulysse a gagné ses galons de héros, il faudra maintenant les conserver dans le prochain cycle qui s’annonce...