Famille je vous hais
Le 15 mars 2025
Un premier film allemand œdipien qui carbure au vitriol, parfaitement illustré par son titre.


- Réalisateur : Matthias Luthardt
- Acteurs : Sebastian Urzendowsky, Marion Mitterhammer, Clemens Berg, Falk Rockstroh
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h29mn
- Date de sortie : 24 janvier 2007
- Festival : Festival de Cannes 2006
Résumé : Paul, adolescent de seize ans perturbé par le suicide de son père, débarque à l’improviste chez son cousin. Durant quelques jours, son irruption va permettre aux secrets d’une famille bourgeoise d’exploser : le cousin qui travaille ses gammes de piano et picole en cachette, le papa lâchement dingo étrangement absent, la mère qui préfère son chien à son môme. Plus ça va, plus les tensions s’exacerbent. Jusqu’à l’imparable...
Critique : Pingpong est le film de fin d’étude de Matthias Luthardt, jeune cinéaste doué et rebelle d’à peine trente ans, toqué de Pasolini, qui contribue avec ce huis clos oppressant à la renaissance d’un cinéma allemand vif, provocateur et décomplexé. Avec cette autopsie de la bourgeoisie allemande, Luthardt décortique avec ironie et férocité la psychologie tordue des membres d’une famille et filme chaque scène comme s’il y avait un cadavre en train de pourrir dans un coin. Comme dans Théorème, héritage non dissimulé - et un chouia encombrant - pour le cinéaste, l’arrivée d’un élément perturbateur va catalyser des tensions et révéler ainsi les sentiments pervers et ambivalents de personnages trop proprets pour être honnêtes. En quête d’affection, un adolescent de seize ans, aussi mystérieux et ambigu que les autres (ange ? Démon ?) devient le réceptacle puis jouet de manipulation d’une famille transpirant la haine, la décadence et le sexe. Logiquement, le huis clos se mue progressivement en tragédie asphyxiante jusqu’au dénouement cruel.
Rigueur de la mise en scène qui capte les regards fuyants et les sourires hypocrites, singularité de la narration, laconisme des personnages... Matthias Luthardt plaide pour le minimalisme rude. La figure du chien (cynisme vient du mot latin cyniscus et du mot grec kunikos, qui signifient “chien”) sert de lien entre les personnages et reflète le malaise à la manière des poissons morts, des guêpes errantes ou des simples parties de ping-pong. Tant d’éléments quas -fantastiques qui viennent amplifier ce pugilat psychologique. Bien que hanté par les ombres tutélaires de Pasolini et Losey, ce film anxiogène et ténébreux, taraudé par des tentations symbolistes voire allégoriques, révèle le caractère frondeur insolent d’un cousin germanophone du Ozon de la première période. Bonne nouvelle.
Norman06 22 avril 2009
Pingpong - Matthias Luthardt - critique
Remarquable film d’atmosphère, entre Losey/Pinter et Pasolini. Le richesse du scénario n’a d’égale que l’intensité de la mise en scène qui traduit à merveille la décomposition d’une cellule familiale. Admirable !