Le 8 octobre 2002
Nathalie Rheims revient, à travers le récit d’une expérience mystique, sur les thèmes d’amour et de perte qui l’obsèdent.
Un court roman où l’on retrouve l’écriture envoûtante de Nathalie Rheims qui revient, à travers le récit d’une expérience mystique, sur les thèmes d’amour et de perte qui l’obsèdent.
Immersion dans l’univers de l’absolue claustration, L’ange de la dernière heure narre l’histoire d’une très jeune femme qui choisit de prendre le voile dans l’ordre le plus fermé qui soit, celui des Moniales Victimes du Saint Sacrement. Mais peut-on parler de "narration" avec Nathalie Rheims dont la voix lancinante a déjà scandé l’amour submergeant et les fractures béantes de la perte du frère, de l’amant, du père [1] ?
Dépassant son propre vécu, l’auteure met en perspective les thèmes issus de ses déchirures personnelles en se projetant dans ce personnage troublant, d’une exaltation excessive, type même de la passionnée prête à tout abandonner et à se remettre entre les mains du Seigneur, auquel elle s’adresse dans une prose aux sonorités élégiaques, asphyxiante et incandescente.
Tandis que de l’autre côté des grilles la mère de la novice reste seule "ivre du besoin de son enfant", ressassant le passé pour comprendre le pourquoi de cette réclusion volontaire, la jeune cloîtrée à l’âme pure s’abîme dans la ferveur et le recueillement. Dans les tourments aussi et les questionnements qu’elle combat par l’ascèse dans laquelle elle semble s’épanouir.
Le couvent silencieux bruit de non-dits. Qui est elle ? Quelle est sa mission ? Son choix du retrait et du sacrifice pourra-t-il, comme elle en caresse l’idée avec effroi, sauver le monde de son effondrement ? De méditation en méditation, Nathalie Rheims nous fait suivre le parcours de renoncement d’un être brûlant du désir absolu de donner sa vie pour combattre, en alliance avec Dieu, les forces de l’ombre. Et qui, au comble de l’abandon, renonce à cet "ultime péché qu’est la connaissance", laisse la pensée mourir en elle...
Et laisse le lecteur pénétré d’un sentiment de suffocation... aussi bien que d’admiration pour l’auteure qui a su lui faire appréhender de l’intérieur, comme si elle l’avait vécue elle-même, l’expérience suprême du don de soi des grands mystiques.
Nathalie Rheims, L’ange de la dernière heure, Flammarion, 2002, 185 pages, 15 €
[1] Respectivement dans ses trois premiers romans, L’un pour l’autre (Galilée, 1999), Lettre d’une amoureuse morte (Flammarion, 2000) et Les fleurs du silence (Flammarion, 2001)
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