Engrenage affectif
Le 2 octobre 2011
Tourné en vingt cinq jours pour la télévision, ce film longtemps méconnu est une des oeuvres les plus abouties et les plus bouleversantes du grand cinéaste allemand.
- Réalisateur : Rainer Werner Fassbinder
- Acteurs : Vitus Zeplichal, Elke Aberle, Erni Mangold, Alexander Allerson, Johanna Hofer
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Date de sortie : 20 avril 2011
- Plus d'informations : http://www.carlottavod.com/film-621...
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– Titre original : Ich will doch nur, dass ihr mich liebt
– Durée : 1h45mn
– Année de production : 1976
– Sortie DVD : le 5 octobre 2011
Tourné en vingt cinq jours pour la télévision, ce film longtemps méconnu est une des oeuvres les plus abouties et les plus bouleversantes du grand cinéaste allemand.
L’argument : Jeune ouvrier, Peter passe l’essentiel de son temps libre à construire une maison pour ses parents, des patrons de bistrot qui ne lui ont jamais donné beaucoup d’affection. Depuis son enfance, le garçon souffre de la froideur et de l’incompréhension de ceux envers qui il manifeste des signes d’amour. Afin de ne pas être un poids pour ses parents dans leur nouvelle maison, Peter déménage à Munich avec Erika, la jeune fille qu’il vient d’épouser. Le couple découvre les affres et les tentations de la grande ville. S’évertuant à offrir à sa compagne le meilleur confort matériel possible, Peter travaille d’arrache-pied et cumule les heures supplémentaires. Mais le couple s’endette irrémédiablement...
Notre avis : Un conte des contraintes - Ein Märchen von den Zwängen : c’est le sous-titre du scénario de ce film longtemps considéré comme mineur dans la vaste filmographie fassbinderienne et qui avait quasiment disparu de la circulation après sa diffusion à la télévision allemande (ARD) en mars 1976.
Admirablement restauré, projeté en salles, édité en DVD et en blu-ray, ce conte cruel à la douceur implacable s’impose aujourd’hui avec l’évidence des chefs-d’oeuvre.
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Le DVD
Après l’avoir distribué en salles au mois d’avril, Carlotta sort, le 5 octobre 2011, une indispensable édition DVD (et blu-ray) de ce film magnifique et longtemps méconnu de Fassbinder.
Les suppléments
Un seul complément mais de choix : le documentaire Von der Liebe und den Zwängen : Mutmaßungen über Fassbinders « Ich will doch nur, dass ihr mir liebt » (De l’amour et des contraintes : suppositions sur « Je veux seulement que vous m’aimiez » ).
En dépit de sa forme classique qui fait se succéder interviews, extraits du film, bancs-titres de passages du scénario et archives télé, le film de Robert Fischer est un véritable modèle du genre.
Certes les commentaires précis et toujours pertinents du grand critique Hans Günther Pflaum sont plus éclairants que ceux du sympathique Christian Braad Thomsen qui frôlent par moments la psychanalyse à deux sous, mais tous les témoignages de collaborateurs sont chaleureux et passionnants.
On sent les acteurs, Vitus Zeplichal, Elke Aberle, Erni Mangold ou Katarina Buchhammer (dont le rôle a disparu au montage) encore émus et enthousiastes après tant d’années. Quant aux souvenirs du chef opérateur Michael Ballhaus, du preneur de son Karsten Ulrich (mort depuis, le documentaire lui est dédié), du producteur Günther Rohrbach ou de la directrice de production Susi Dölfes, ils nous permettent véritablement d’entrer dans le processus créatif de Fassbinder.
L’émotion, présente tout au long de ces soixante minutes passionnantes, culmine au chapitre 9, intitulé Das Leben ist schön - la vie est belle, lorsqu’apparaît le cinéaste lui-même, interrogé pendant le tournage en décembre 1975, un casque de chantier sur la tête.
Image
La netteté de la définition est la plupart du temps exceptionnelle pour un film tourné il y trente cinq ans, en 16mm, pour la télévision et la magnifique restauration rend justice à la franchise des couleurs et au formidable travail sur la lumière réalisé par le grand Michael Ballhaus.
Le transfert est extrêmement soigné et l’image reste parfaitement stable même pendant les nombreux mouvements de caméra, plutôt lents il est vrai, et les quelques zooms.
Bref : cette magnifique édition DVD éblouit par une splendeur visuelle qui a probablement échappé aux téléspectateurs allemands de 1976. On imagine que le blu-ray, que nous n’avons pas pu visionner, est de qualité encore supérieure.
Son
Aucun souffle notable ne parasite une piste mono d’une clarté cristalline et on peut apprécier dans les meilleures conditions le travail tout à fait remarquable et novateur pour l’époque du preneur de son Karsten Ullrich (prises directes, souvent en extérieur) ainsi que la splendide musique d’un Peer Raaben particulièrement inspiré.
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