Le 10 juillet 2016
- Festival : Japan Expo 2016
Cette année, Japan Expo a choisi de mettre l’accent sur les auteurs français de manga, en consacrant plusieurs rencontres avec ceux-ci et en leur dédiant une exposition.
Les mangaka français sont à l’honneur lors de cette 17e édition de Japan Expo.
On appelle global manga les bandes dessinées produites sous influence nippone hors de l’espace asiatique. Plusieurs auteurs français ont investi ce champ, avec un certain succès, en misant notamment sur la percée impressionnante du manga sur le marché francophone de la bande dessinée. Si force est de constater un effet de génération qui révèle une influence des dessins animés du Club Dorothée et de la diffusion de Dragon Ball Z, on remarque également une réappropriation des codes du manga, avec des points communs, mais aussi des différences entre auteurs.
Premier jour à la Japan Expo, et première rencontre avec un panel de cinq auteurs français de manga, invités à échanger sur leur passion, leurs méthodes de travail mais aussi sur la vision du genre dans l’Hexagone. Elsa Brants (Save Me Pythie), Reno Lemaire (Dreamland), Tony Valente (Radiant), Nicolas David (Neokaz), qui sortira en septembre et VanRah (Ayakashi) étaient les invités de cette table ronde. Tous n’ont pas la même expérience : Reno Lemaire fait figure de pionnier dans le monde du manga made in France - le premier tome de Dreamland date de 2006 - tandis que Nicolas David n’a pas encore publié son ouvrage, bien qu’il ait fait très bonne figure à plusieurs concours de jeunes auteurs. Chacun puise également dans un univers différent, puisque Ayakashi est une uchronie du Japon médiéval, tandis que Radiant met en scène un sorcier au sein d’un univers imaginaire, que Neokaz est un shônen sportif et que Dreamland combine astucieusement monde des rêves et réalité dans un Montpellier contemporain.
De gauche à droite : Reno Lemaire, Elsa Brants, Tony Valente, VanRah et Nicolas David
Interrogés sur leurs conditions de travail, chacun a signalé que leur emploi du temps était bien rempli, mentionnant des plages de travail de 10 à 12 heures par jour, afin de réaliser environ 200 pages de bande dessinée par an. Si certains, comme Reno Lemaire, disent travailler avec des assistants (qui sont en réalité des proches, comme il le souligne rapidement), d’autres préfèrent travailler seuls (Tony Valente).
Reno Lemaire décrit ses méthodes et conditions de travail à l’auditoire
L’échange a également révélé d’autres points intéressants. En effet, si au Japon la prépublication oblige les auteurs à tenir un rythme effréné, ce n’est pas le cas en France, où les auteurs ont davantage de liberté dans les délais, les découpages et la pagination. Nicolas David a souligné qu’il appliquait de lui-même la contrainte japonaise du 19 pages par chapitre et qu’il la trouvait fructueuse, car elle permet de tenir un rythme soutenu dans la narration. D’autres, comme Reno Lemaire et Elsa Brants, s’accordent davantage de libertés dans la dimension des chapitres et la pagination de leurs ouvrages : ainsi, le tome 15 de Dreamland fait 335 pages.
La Japan Expo accueille également une exposition sur la French Touch, en présentant à la fois des auteurs de mangas et des professionnels du monde de l’anime, qui se sont exilés au Japon pour s’enrôler dans différents studios. Le choix de mélanger mangaka et professionnels de l’animation s’avère judicieux, et la présentation sommaire de leurs travaux est efficace. En revanche, on peut regretter l’absence totale d’originaux pour les dessins et quelques approximations dans les présentations. Pas de quoi gâcher le plaisir du visiteur, qui remarquera que les parcours des professionnels de l’animation sont finalement assez semblables, avec une prépondérance de l’école des Gobelins comme espace de formation, même si leurs travaux s’avèrent finalement assez différents. Le parcours des mangaka, et leurs influences, apparaissent quant à elles plus éclatées.
L’exposition French Touch propose une courte biographie ainsi que quelques dessins de mangaka et de membres de studios japonais de création d’animes
Parmi les mangaka mis en valeur au sein de l’exposition, notons la présence de Camille Moulin-Dupré, auteur du très bon Le voleur d’estampes, de Miya, auteure d’Alchimia ou de K’Yat, créateur de l’original Head Trick, manga de football disponible d’abord sur internet puis en librairie. L’exposition met véritablement en avant l’affirmation d’une génération de dessinateurs français qui reprend les codes du manga pour créer leurs propres œuvres.
Feu d’artifice de cette paranthèse French Touch : un battle de dessin entre Hiro Mashima, l’auteur de Fairy Tail et invité d’honneur de cette édition, et Reno Lemaire.
La mise en valeur des auteurs français s’avère finalement être un pari gagnant, car la plupart de ces auteurs méritent qu’on s’y intéresse, avec à la clé des succès éditoriaux.
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