Indochine : retour flamboyant

Personne n’a échappé au clip de La Vie est Belle lancé à la fin des vacances. Ce clip somme de 5’31 réalisé par Asia Argento, convoque toute la thématique habituelle de l’actrice-réalisatrice tatouée, qui n’avait pas été aussi foudroyante depuis longtemps : violence faite aux femmes, sexualité crue, voire "forcée", soirée drogue enfumée, deuil-souffrance, convocation des esprits des morts : avec ce clip, la sauvageonne indomptable libère une énergie visuelle et créative qui donne une fougue insensée à la chanson La Vie est Belle, à l’instar du College Boy de Xavier Dolan pour le précédent album.

© Indochine - 2017

L’on pouvait toutefois redouter que 13, l’album, pâtisse des mêmes défauts que son prédécesseur, à savoir Black City Parade, qui était écrasé par le poids de sa production et de ses bien trop nombreux titres, diminuant l’impact des vrais bons morceaux de l’album. Il faut dire que l’Indo-nouveau est encore un forcing de 15 titres nouveaux, et bien plus en streaming et édition DeLuxe.
Miracle, le florilège d’excès confine à la production parfaitement sereine. Dans son genre synth-pop-rock à l’ancienne, le groupe applique une méthode qui a souvent fait ses preuves, le brio mélodique et des arrangements musicaux simples, mais d’une redoutable efficacité, sauf qu’à trop vouloir remplir les galettes, certains titres pouvaient abîmer l’écoute en continu. Ce n’est pas le cas ici, 13 porte bonheur à Nicolas Sirkis et ses potes qui, sans renier leur appartenance à l’époque eighties, dont on retrouve ici et là quelques sonorités, construisent un pont solidaire entre chaque phase de leur carrière, extrayant à chaque fois l’essence pop et enlevée de leur discographie. A l’image d’un Depeche Mode chez les Anglophones, mais en moins expérimental, le groupe n’a rien perdu de sa pertinence, notamment auprès des fans qui accourent lors des tournées des stades et qui sauront vouer un culte à cette avalanche de formules qu’ils adorent : la confusion des genres sur Tomboy, les attaques du Front National sur le single en devenir Un été français, et autres pages du dernier numéro de la Politique pour les Nuls, sur l’old-school Trump la monde.

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© Indochine - 2017

Avec des moyens de production que l’on ressent sur chaque piste, les arrangements se détendent sur plus de 5 minutes au minimum, si l’on écarte le pêchu 2033 qui agit en efficacité sans paraître pour autant moins développé. De bons refrains martelés par Sirkis en forme - moins vocale que mélodique, cela va de soi -, des titres de conviction qui ne quittent plus la tête (Les Suffragettes BB renvoie aux sons maladroits des premiers synthétiseurs qui martelaient leur musique à fond sur les radios d’époque), pléthore d’hymnes puissants (Station 13, Black Sky, Song for a dream, Un été français, Cartagène...) caractérisent l’album sobrement intitulé 13. On épiloguera pas sur la symbolique.
Sur un fond de High Energy eighties, mélangé à des arrangements littéralement transe, le morceau Henry Darger (décliné en remix sur l’édition De Luxe), est le moment de se détacher des contingences de ce bas monde, le temps d’un pur délice inattendu.
Oui, le retour d’Indochine en 2017 a été flamboyant. Ce n’est pas leur première place à venir dans les charts des ventes d’album qui contredira ce constat.