Le 13 juillet 2020
Un comédien revient dans sa ville d’origine. Ozu, qui n’a pas encore franchi la barre du parlant, livre une nouvelle illustration de sa vision de la famille japonaise. Cette fois, dans le monde du théâtre.
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chōko Iida, Takeshi Sakamoto, Kōji Mitsui (Hideo Mitsui), Yoshiko Tsubouchi
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Durée : 1h26min
- Titre original : Ukigusa monogari
- Date de sortie : 23 novembre 1934
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Résumé : Une troupe de théâtre itinérante arrive dans la ville d’origine de son dirigeant Kihachi (Takeshi Sakamoto). Elle prévoit plusieurs mois de représentations. Kihachi y retrouve Otsune (Chõko Lida) qui tient un restaurant et avec qui il a eu un fils Shinkichi (Hideo Mitsui) désormais adulte. Néanmoins, il se fait passer pour son oncle.
Critique : Yazujirõ Ozu, toujours fidèle au muet en 1934, propose de nouveau une histoire de famille. Cette fois-ci, c’est une structure décomposée : le père, saltimbanque toujours sur les routes (une herbe flottante), a choisi de s’éclipser de l’univers de son fils, pour ne pas nuire à son éducation, le statut de comédien étant très mal vu dans le Japon de cette époque. Il pourvoit tout de même à son éducation, en envoyant régulièrement de l’argent à Otsune.
Encore une fois, ce sont les femmes qui vont se montrer plus intelligentes, quand le jeune Shinkichi va tomber amoureux d’une des comédiennes de la troupe et vice-versa. Kihachi, qui n’est pas exempt de tout reproche, ayant tout de même abandonné femme et enfant, ne réagit que par les cris, la violence. Il manifeste également une tendance au saké !
Otsune, elle, a élevé seule son fils, et ne prétend même pas renouer avec Kihachi, désormais en couple avec une comédienne. Elle aura la sagesse de prendre les bonnes décisions, autant pour son amour de jeunesse que pour son fils, en acceptant, elle, qu’il fréquente une saltimbanque.
Comme toujours, Ozu dit beaucoup en peu de séquences. On comprend très vite, par quelques détails, le dénuement dans lequel se trouvent les comédiens : vêtements rapiécés, toit du théâtre qui fuit, manque d’argent pour se procurer des cigarettes... La restauratrice, moins mal lotie, ne vit pas non plus dans l’abondance : les clients sont rares et il faut payer les études du fils.
Plusieurs plans sont de toute beauté : on évoquera les jeunes amoureux près d’une voie ferrée, avec une bicyclette en avant-plan, ainsi que la scène de la représentation théâtrale ou encore la séquence finale (!).
Yazujirõ Ozu réalisera lui-même un remake, parlant évidemment, et en couleur, de ce film en 1959, sous le titre de Herbes flottantes ("Ukikusa").
PS : le film de 1934 fut parfois exploité en France sous le titre "Une histoire de mauvaises herbes flottantes" ou encore "Histoire d’un acteur ambulant".
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