Le 24 octobre 2009
Désormais, le consommateur est coupable d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Mais n’est-ce pas le système de surconsommation imposé par les médias qui le pousse dans cet engrenage ?
Désormais, le consommateur est coupable d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Mais n’est-ce pas le système de surconsommation imposé par les médias qui le pousse dans cet engrenage ?
Il faudra peut-être un jour arrêter de taper systématiquement sur les doigts des internautes devenus des « pirates » ( !) pour revenir sur l’une des causes majeures du téléchargement illégal, à savoir l’incroyable arrogance des maisons de disque et plus généralement du milieu du divertissement. Entre les paillettes et le bling bling affichés dans les médias, les millions et le mépris flanqués à la vue de tous, on peut comprendre que le public en ait eu un beau jour assez de la mauvaise foi générale, et qu’il se soit réfugié dans l’immunité du téléchargement fastfood ! Après tout, n’est-ce pas là une politique commune des entertainers ? Toujours nous en faire avaler plus, surtout du médiocre. Aussi le mauvais son du MP3 et les piètres images des divix ne pouvaient que bien passer auprès du public de supermarché...
Élevée à la médiocrité, la jeunesse a-t-elle eu beaucoup d’alternatives proposées contre la facilité du téléchargement illégal ? On se souvient du prix surélevé des CD - notamment ces deux-titres à 5 euros, une belle exception française quand le reste de l’Europe s’offrait des singles à 5 titres pour moins cher ! - à une époque charnière où les maisons de disques auraient dû propulser un changement de support pour diriger ses clients vers la haute-définition. Malheureusement cela impliquait un coût élevé pour elles (sic) alors qu’elles établissaient des records de recettes indécentes... Résultat, les jeunes n’écoutent plus que le pire son qui soit, parce que personne, les professionnels si peu pédagogues en premier, n’a su éduquer leur ouïe. Ce conservatisme méprisable explique pourquoi en 2009 on en soit encore à écouter, au mieux, de vulgaires CD identiques à ceux de 1987 ou, au pire, des fichiers compressés, à prix exorbitants quand ils sont acquis légalement, vue la baisse flagrante de qualité ! Au moins au niveau de l’industrie du film, cela fait belle lurette que la VHS a été remplacée par le DVD et celui-ci commence à faire grise mine face à l’éclat du blu-ray. Beaucoup d’exploitants se sont aussi convaincus de la nécessité de se convertir au numérique. Mais d’autres, d’ailleurs les plus solides en France, persistent à proposer aux masses les mêmes vieilles toiles dans leurs salles, comme si l’ère du changement n’avait pas sonné... Quel aveuglement !
Le monde a changé et les modes de consommation aussi. On demande aux fans de payer des places de concert à 100 euros, voire 200 pour découvrir leur idole sur scène : parfois un vieux dinosaure avec seulement pour habiller la scène une voix et un piano. C’est sûr, à ce prix, ce n’est pas le spectacle que l’on paie, mais bel et bien l’égo de l’artiste et celui de son tour operator. De plus, désormais, on impose à chaque membre de la famille, dès l’âge de 10 ans d’avoir son téléphone, d’envoyer des SMS en permanence, surtout hors forfait, de s’offrir des jeux vidéos gloutons en temps et en argent (50 euros le joujou, quand même), de s’offrir tout l’attirail du gourmet au cinéma (le seau à pop corn) mais également à la maison (les chaînes de vidéoclub ne font-elles pas aussi office de confiserie ?), de consommer en ligne et en live (pour la conscience, il ne faudrait pas que le client soit responsable de la faillite du système physique), de regarder 50 chaînes de télé à la fois et d’écouter autant de radios simultanément. Il faudrait aussi que le consommateur contemporain lise, car c’est bon pour le moral des libraires et celui du gouvernement. C’est bien des électeurs pas trop cons, quoique... Sachant que la bonne poire en 2009 doit être fashion en hiver et en été, elle doit se fringuer toute l’année ; elle doit aussi changer sa garde-robe informatique - un nouvel ordi tous les deux ans au gré des modes, formats et autres systèmes d’exploitation ; elle doit aussi amincir son écran de télé, rétrécir son lecteur MP3, voire le combiner avec son téléphone annuel déjà ringard à peine acheté, sans oublier le home cinéma nécessaire pour la lecture des blu-ray, les assurances, les extensions de garantie et autres conneries imposées par d’obscures clauses illisibles...
Bref, la bonne poire dès le plus jeune âge doit se préparer à remplir son dossier de surendettement, dans la dépression, car finalement elle n’a plus les moyens d’écouter de la musique "légalement" et de voir les films de ses rêves que lui vendent les promos indécentes pour tous ceux dans le besoin. Et puis avec une crise dans la gueule et le prix des carburants que l’on nous promet en hausse pour 2010, on peut toujours vous traiter de délinquants en ligne... De qui viendra cette réflexion ? D’artistes bobos qui ont déjà plusieurs vies devant eux ? De politiques qui cumulent les mandats juteux et les avantages fiscaux à vie, voire qui briguent des postes à haute responsablité avec juste le bac en poche et une pair de lunette pour soigner la com’ ? Bref, avant de juger le pirate coupable, examinez un peu le système. Il n’est pas toujours très beau à voir.
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