Les compétences requises
Le 8 juillet 2010
Après une pause de sept ans, Ryosuke Hashiguchi revient en grande forme avec ce film inclassable qui passe brillamment du rire à l’émotion. Projeté dans le cadre du Festival Paris Cinéma avant, on l’espère, une distribution en France.
- Réalisateur : Ryōsuke Hashiguchi
- Acteurs : Tae Kimura, Lily Franky, Mitsuko Baisyo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
- Plus d'informations : http://www.celluloid-dreams.com/cur...
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– Durée : 2h20mn
– Titre original : ぐるりのこと。Gururi no Koto
Après une pause de sept ans, Ryosuke Hashiguchi revient en grande forme avec ce film inclassable qui passe brillamment du rire à l’émotion. Projeté dans le cadre du Festival Paris Cinéma avant, on l’espère, une distribution en France.
L’argument : Kanao fait des croquis d’audience au tribunal. Il observe en silence les grands crimes et scandales les plus médiatisés des années quatre-vingt-dix. Il suit aussi avec amour la grossesse de sa femme, Shoko. Quand le premier enfant tant attendu meurt, Shoko s’enfonce dans la dépression et Kanao fait tout son possible pour la soutenir.
Notre avis : Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus de nouvelles de Ryosuke Hashiguchi, l’auteur remarqué de Petite fièvre des vingt ans (1993), Grains de sable (1995), et Hush (2001). Les deux premiers avaient séduit par une rigueur formelle affichée et la délicatesse de touche dans l’observation des amours difficiles entre adolescents. Le troisième opérait un virage déroutant vers la comédie sentimentale et se signalait par une exubérance qui pouvait passer (à tort) pour un appel du pied au public.
Avec ce nouvel opus, sorti au Japon le 7 juin 2008 et primé dans plusieurs festivals de par le monde, Hashiguchi délaisse pour la première fois la thématique gay des précédents mais persiste dans le joyeux mélange des genres. Les 140 minutes de Gururi no Koto ne sont pas de trop pour parcourir huit ans de la vie d’un couple en passant allègrement du rire à l’émotion, voire en associant acrobatiquement les deux.
Plusieurs scènes très réussies sont vraiment négociées sur le fil, par exemple lorsque Shoko, en pleine crise d’hystérie, renvoie à la voisine, venue se plaindre du vacarme, ses bruyants exercices de vélo d’appartement et que Karuo finit par la calmer en lui disant qu’il ne peut pas l’embrasser parce-qu’il coule vraiment trop du nez.
Car Hashiguchi choisit délibérément l’optimisme, et Shoko, indéfectiblement soutenue par son mari, retrouvera joie de vivre et sérénité en se mettant à peindre des fleurs et en retenant que « vivre c’est comme la peinture : ça demande des compétences ».
Il ne faudrait pas croire pour autant que le film assène un discours dogmatique ou béat, et la très belle scène du bonheur retrouvé du couple est immédiatement contredite par une audience de tribunal où l’accusé, auteur d’une tuerie sanglante dans une maternelle, met violemment en question l’authenticité de la douleur des parents de ses victimes.
L’impact du film repose pour une bonne part sur le langage formel mûri de Hashiguchi. Si nous sommes loin des plans tirés aux cordeau de ses premières oeuvres, la mise en scène est bien plus élaborée qu’il n’y paraît d’abord. A preuve cette scène de réunion familiale où les échanges des adultes, assis au premier plan, sont accompagnés par les jeux des enfants au fond, dans la pièce voisine, jusqu’à ce que la chute d’un vase réunisse les deux actions parallèles.
La scène est d’ailleurs très drôle et l’humour est un autre atout majeur du film, en particulier dans la description du monde des journalistes chargés de la rubrique judiciaire, et même dans les scènes d’audience, pourtant proches par moments de l’insoutenable.
Mais c’est la relation de confiance que le cinéaste à su créer avec les acteurs qui assure la réussite de Gururi no Koto. Les nombreux personnages secondaires sont tous joliment dessinés (par exemple la mère, espèce de guérisseuse clandestine, qui soulage les contractions de ses clients en les tailladant au rasoir), et les formidables Tae Kimura (Shoko) et Lily Franky (Karuo) emportent l’adhésion du spectateur.
Espérons qu’après son passage au Festival Paris Cinéma, ce film très attachant trouvera un distributeur en France.
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