Pommes de terres empoisonnées
Le 7 juillet 2010
Malgré un petit côté roman photo sur papier glacé ce joli film délicat sur la solitude au sein du couple distille une grâce feutrée. En compétition à Paris Cinéma.
- Réalisateur : Hitoshi Yazaki
- Acteurs : Miki Nakatani, Masahiro Kobayashi, Nao Omori
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
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– Durée : 1h57mn
– Titre original :スイートリトルライズ
Malgré un petit côté roman photo sur papier glacé ce joli film délicat sur la solitude au sein du couple distille une grâce feutrée. En compétition à Paris Cinéma.
L’argument : Ruriko et Satoshi sont mariés depuis trois ans. D’apparence, ils ont tout d’un couple heureux. Ruriko fabrique des ours en peluche et attend son mari chaque soir sur le pas de la porte dans un foyer impeccable. Une fois rentré, ce dernier s’enferme dans une pièce pour jouer à des jeux vidéo. Ils communiquent alors par téléphone portable à l’intérieur de leur propre maison. Pour échapper à la solitude, Ruriko se confie au petit chien d’une vieille femme inconnue. Un jour, les époux entament une liaison chacun de leur côté, sans en dire mot à l’autre.
Notre avis : Paris Cinéma nous fait découvrir en compétition un cinéaste plus tout jeune, 56 ans, dont le premier film date de 1980 et qui n’est pas totalement inconnu sur le circuit international puisque March Comes in Like a Lion - Sangatsu no raion, qui date de 1991, fut présenté à Berlin et remporta plusieurs prix en Europe.
Sweet little lies a quelques chances d’attirer à nouveau l’attention sur Hitoshi Yazaki malgré son air de roman photo sur papier glacé qui peut décourager de prime abord. On aurait tort pourtant de s’en tenir à cette première impression et d’aller voir ailleurs, car ce film délicat distille une petite musique feutrée au charme prenant et parvient même à créer une véritable, bien que discrète, émotion.
Le premier plan nous montre Ruriko nettoyant une vitre et le côté lisse et sans aspérités du film reflète bien le monde aseptisé dans lequel s’est installé ce couple à la vie quotidienne parfaitement réglée où chacun se garde bien d’empiéter sur le domaine privé de l’autre et où on s’accroche à des promesses stupides (pas plus de dix cigarettes par jour). Pourtant nous apprendrons subrepticement, au détour d’une conversation entre la femme et sa belle soeur, qu’elle nourrit, au moins par jeu, l’idée d’empoisonner son mari avec des pommes de terres. Plus loin dans le film, en écho à cette discussion, une vieille dame avouera paisiblement avoir empoisonné son mari parce qu’elle ne supportait plus la solitude, car qu’on vive en couple ou non, on est toujours seuls.
Des aventures extra-conjugales, la mort d’un chien, la vue d’un cadavre sur une plage, une confrontation muette entre deux femmes à un passage à niveau, des considérations générales face aux ciel nocturne (« Dehors il fait sombre et froid mais à l’intérieur on est à l’abris »), permettront au couple de secouer un peu sa torpeur et de tenter un nouveau départ.
C’est donc par petites touches poétiques souvent justes et un humour discret que Sweet little lies trace son petit bonhomme de chemin.
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