Marathon man viennois
Le 26 octobre 2015
En compétition au Festival Paris Cinéma, le deuxième film de Benjamin Heisenberg est un remarquable néo-film noir à l’écriture sèche qui acquiert peu à peu une dimension romantico-tragique.}}
- Réalisateur : Benjamin Heisenberg
- Acteurs : Franziska Weisz, Andreas Lust, Markus Schleinzer
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Autrichien
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Der Räuber
- Date de sortie : 10 novembre 2010
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En compétition au Festival Paris Cinéma, le deuxième film de Benjamin Heisenberg est un remarquable néo-film noir à l’écriture sèche qui acquiert peu à peu une dimension romantico-tragique.
L’argument : Johann Rettenberger, coureur de marathon auréolé de succès et braqueur de banque, vit caché à Vienne. Sans état d’âme, il mesure avec précision fréquence cardiaque, effort, endurance et effectivité pendant ses courses d’entraînement tout comme lors des hold-up où, portant des masques absurdes et armé d’un fusil à pompe, il court pour se dérober à la police. Le jour où il est identifié, il doit échapper au plus grand dispositif policier jamais déployé dans l’Autriche de l’après-guerre.
Notre avis : Adapté d’un roman de Martin Pritz, lui même inspiré d’un fait divers qui a défrayé la chronique en Autriche, Der Räuber - Le braqueur, en compétition à Berlin en février et maintenant à Paris Cinéma, est le deuxième long métrage de Benjamin Heisenberg, 36 ans. Comme son opus précédent, Schläfer - Dormeurs, présenté à Cannes en 2005 (Un certain regard) et diffusé depuis sur Arte, ce nouveau film s’inscrit dans la mouvance d’un certain jeune cinéma allemand d’auteur (à la Christian Petzold) qui joue avec les codes du film de genre.
On retrouve effectivement nombre d’ingrédients du film noir dans Der Räuber, mais débarrassés de la surenchère d’effets qui les accompagne généralement dans les productions plus ouvertement commerciales. La manière de Heisenberg se caractérise par un goût prononcé pour la raréfaction : peu de dialogues, peu de couleurs (et surtout pas de couleur locale : à part l’accent autrichien des personnages, Vienne a rarement été aussi peu pittoresque qu’ici), pas de psychologie (le spectateur partage l’exaspération du héros face aux discours du psychologue qui accompagne sa sortie de prison), peu de musique (mais quand même un bouleversant lamento néo-baroque de Lorenz Dangel et des battements de tambour lors d’une impressionnante séquence de braquages enchaînés).
La froideur et la distance sont de rigueur. Le film frappe par sa précision documentaire quand il nous montre l’entraînement du marathonien et l’exécution des hold-ups. Rien n’est fait pour susciter la sympathie du spectateur pour ce personnage mû par une pure énergie irrépressible, auquel Andreas Lust prête un air fermé. Mais il finit tout de même par acquérir une dimension tragique (« Vas-t’en Erika. », dit-il à la femme qu’il aime, et qui le dénonce, « Je ne t’apporte que du malheur. »). Et le final, au terme d’une chasse à l’homme haletante de belle tenue, retrouve le romantisme des grands modèles du genre.
Tout ça tient un peu trop de l’exercice de style mais ne manque pas d’allure.
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