Groom

L’argument : Vera Carmi est appelée en pleine journée par un gardien du musée national d’Art moderne. Son mari Antoine vient d’avoir un grave malaise. Quand Vera se présente au musée, les deux gardiens qui prétendent s’être occupés d’Antoine lui apprennent que celui-ci est mort mais qu’aussitôt après, il a mystérieusement disparu. A la fois amusée et angoissée par cet incident rocambolesque, Vera regagne son appartement où son mari l’attend. Vera se tait, ne raconte rien. Rongée par le doute, accablée par le soupçon, elle commence alors son enquête pour retrouver l’inconnu du musée.

L’auteur : Professeur de lettres classiques en Normandie, François Vallejo a 38 ans quand il envoie, en 1998, le manuscrit de Vacarme dans la salle de bal aux éditions Viviane Hamy qui décident de publier ce premier roman. Suit un deuxième roman en 2000, Pirouettes dans les ténèbres, puis Madame Angeloso en 2001, qui reçoit le prix Pages et le prix France Télévision. Groom est son quatrième roman.

Notre avis : Une machination se met en branle, un couple se brise, et tout converge vers une toile de Soutine qui moisit dans une cave. Vera et Antoine foncent vers l’inéluctable. Pour infléchir le cours de leur destin, encore faudrait-il le vouloir...
Introduisant un grain de sable dans la mécanique de ce couple heureux, François Vallejo entretient un suspense à la fois cruel et plein de sollicitude et observe le rouage se gripper, la tragédie se construire et l’homme et la femme s’éloigner : lui remontant le fil de son enfance passée aux côtés d’une curieuse Mlle Rotheim ; cette vieille dame, qui vit maintenant aux crochets d’Antoine, est hantée par le souvenir d’un peintre russe, Chaïm Soutine, qui lui aurait légué des toiles dans sa jeunesse, dont un fameux "Groom" ; elle s’épuisant, non sans amusement, à arpenter les salles du musée à la recherche du tableau qui aurait pu provoquer un malaise chez cet homme qu’elle ne reconnaît pas dans les descriptions des gardiens. Si le récit de l’enfance d’Antoine tourne parfois à vide, en revanche, la quête de Vera donne lieu à une description inédite, remarquable et pleine d’humour des liens quasi biologiques qui unissent les œuvres d’un musée à leurs gardiens, fiers et pointilleux.
Avec ce quatrième roman, François Vallejo explore avec talent, non pas les contours d’un couple en crise, mais les contours des silences et de l’espace qui sont là bien avant la crise et qu’un élément souvent anodin et pourtant déterminant, ici le "Groom" de Soutine, ne fait que malicieusement révéler.