Schtroumpf rayé
Le 17 juin 2005
Un album-farce qui démythifie le groupe tout en le rendant paradoxalement intouchable.
Au risque de se mettre une partie de son électorat habituel à dos, Jack White explose le mythe grandissant de son groupe en offrant un cinquième album atypique, casse-gueule et terriblement inspiré. Il s’y octroie enfin le droit de laisser son Dogme de côté, faisant fricoter le sacro-saint couple guitare/batterie avec des invités surprise : piano et marimba. Une chose est sûre : il nous a bien schtroumpfés.
C’est peut-être anecdotique, mais connaissant le bonhomme, ce n’est sûrement pas un hasard : le premier titre sur Get behind me Satan se nomme Blue orchid. « "Blue". Pas "white", ni "red", ni même "black". Les trois couleurs fétiches du groupe, celles qui font écho aux trois seuls instruments utilisés par le duo (guitare, batterie et voix), se voient supplantées par un ennemi direct : ce bleu froid et distant, pourtant si proche de "blues"... Par là, le changement de direction est signalé d’entrée. Semblant fatigué par ses propres codes, Jack White tend la main au diable, et s’embarque dans une aventure risquée, sans retour possible et profondément égocentrique : tuer le mythe des White Stripes.
Get behind me Satan est ainsi le plus grand disque des White Stripes pour ceux qui n’aimaient pas les White Stripes. Il regorge de trouvailles et de gimmicks sonores incongrus (ce marimba omniprésent depuis l’extraordinaire The nurse), il ose les déconstructions les plus saugrenues (voir comment une vulgaire sonnerie interrompt l’énorme Take, take, take) et il laisse une place de choix à l’autodérision, chose que les fans de la première heure auront sans doute du mal à apprécier : Instinct blues est une parodie de Ball and biscuit, et Blue orchid, c’est Seven nation army au pays des Schtroumpfs ; les solos de guitare sont si rares qu’on se demande si Meg n’a pas confisqué l’instrument à son frère, et les célèbres coups de semonce de la sœur White souvent en totale rupture avec la rythmique des morceaux (The nurse encore une fois, perle jubilatoire du disque).
Et alors que tous les spécialistes ès White Stripes de la planète rock s’activent afin de déterminer si Get behind me Satan doit être considéré comme un simple pas de côté, un exercice de style, une magistrale farce ou une avancée majeure dans la carrière du groupe, il y en est un qui, depuis sa chambre de l’Hotel Yorba, doit se gausser sans retenue. Un songwriter hors pair, qui réussit à métamorphoser sa musique de disque en disque sans toutefois en effacer le fil conducteur (ce blues-rock fiévreux), grâce notamment à une forme d’autodérision remarquablement créative. Monsieur Jack White, nous vous schtroumpfons.
Get behind me Satan, The White Stripes (XL/Naïve)
Tracklisting :
1 Blue orchid
2 The nurse
3 My doorbell
4 Forever for her (is over for me)
5 Little ghost
6 The denial twist
7 White moon
8 Instinct blues
9 Passive manipulation
10 Take, take, take
11 As ugly as I seem
12 Red rain
13 I’m lonely (but I ain’t that lonely yet)
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
alnico 15 novembre 2005
Get behind me Satan
Habitués du son ravageur des stripes, vous avez peut etre du mal à comprendre ce nouvel opus. Il est pourtant clair qu’avec une prédominance de piano et autres instruments que l’habituel guitare, le talent est toujours présent. Le groupe ne veut pas se restreindre à toujours jouer la meme chose. Néanmoins avec un titre comme blue orchid, on reconnait que Jack n’a pas perdu le sens des mélodies prenantes. N’ayez pas peur de ce changement car je pense que de leur part, on va aller au fil des albums, de surprise en surprise.