Un couple épatant
Le 26 mars 2003
Quatrième album et sommet de l’oeuvre du mystérieux duo blues garage de Detroit.
- Artiste : The White Stripes
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Les inquiétantes péripéties du duo de Detroit devenu star en l’espace de quelques mois, par la grâce d’un blues violent et hanté. Quand Muddy Waters rencontre Black Sabbath.
On se les arrache aux Etats-Unis, ils sont énormes en Angleterre et ont été les premiers avec les Strokes à incarner ces deux dernières années le revival rock garage. Même les Rolling Stones n’ont pas manqué les récentes prestations qu’ils assuraient en ouverture de leurs propres shows. Pourtant Jack et Meg White n’ont mis qu’un orteil dans le grand Barnum du rock business et ont eu le bon goût de ne pas se laisser griser par la hype. S’il fallait remettre un prix Kurt Cobain à un groupe que les éloges laissent particulièrement froid, ils le mériteraient haut la main.
Loin de profiter des immenses moyens que leur offraient leurs récentes ventes, les White Stripes sont partis enregistrer leur nouvel album à Londres pour un coût total de 6000 livres sterling - une misère au vu des standards actuels. Quelle que soit la signification du titre Elephant, celui-ci n’indique en aucun cas que le duo s’est offert une production pachydermique. L’album bénéficie d’une vitalité et d’une puissance étonnantes et en comparaison, White Blood Cells, le précédent disque qui les avaient révélés, sonne presque emprunté.
L’image de gentil petit duo que renvoyaient au premier abord les White Stripes, des fans de blues arborant leurs sempiternelles tenues rouge et blanc, est de moins en moins d’actualité : on a plutôt affaire à des Ozzy Osbourne et Siouxsie Sioux qui auraient grandi dans le Delta des années 30. Sur les déflagrations Ball And Biscuit ou Little Acorns, les Stripes remontent carrément aux sources du heavy metal avec des riffs piochés chez Hendrix ou Led Zeppelin. Même réussite pour le single hybride punk garage/disco Seven Nation Army. Quand le tempo se radoucit, comme sur la reprise de Dusty Springfield I Just Don’t Know What To Do With Myself, la voix de Jack White (ou de Meg pour un charmant Cold, Cold Night) semble toujours aussi angoissée. Même la gentille bluette country It’s True That We Love One Another, en trio avec l’Anglaise Holly Golightly, parvient à mettre mal à l’aise quand on se rappelle que les White Stripes ont été brièvement mari et femme (extrait : "- Meg, tu penses que Jack m’aime ? - Tu sais, je m’en fous, Jack me gonfle vraiment."). Leur étrange relation artistique ne durera pas plus que quelques années, aux dires de Jack White lui-même : profitez donc sans tarder de ces bruyants moments de grâce, en studio comme en concert.
The White Stripes - Elephant (XL/Delabel)
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