Un pompier à ma fenêtre
Le 17 avril 2013
Sous des airs faussement classiques, le film d’Arrieta déroule le fil, ferme et ténu, d’un rêve précis à l’angélisme délicieusement pervers et envoûtant.
- Réalisateur : Adolfo Arrieta (Ado Arrietta)
- Acteurs : Pascal Greggory, Marilù Marini, caroline Loeb, Xavier Grandes, Dyonis Mascolo, Paquita Paquin, Isabel Garcia Lorca, Eloïse Bennett, Jaime Santiago
- Genre : Comédie poétique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h 28mn
- Date de sortie : 8 novembre 1978
- Plus d'informations : http://www.capricci.fr/fiche.php?id...
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– L’éditeur capricci ressort le film en salles le 17 avril 2013.
– Distributeur d’origine : Hors Champ
Sous des airs faussement classiques, le film d’Arrieta déroule le fil, ferme et ténu, d’un rêve précis à l’angélisme délicieusement pervers et envoûtant.
L’argument : Barbara, une petite fille, vit dans une vieille maison de campagne avec son père et sa préceptrice. Une nuit, elle rêve qu’un pompier entre par la fenêtre de sa chambre…
Jeune femme, Barbara échappe à son père en faisant le tour du monde, puis revient et retrouve ses vieux rêves d’enfant. En feu, elle appelle les pompiers, en capture un dans sa chambre et s’enferme avec lui pendant plusieurs jours…
Notre avis : Produit par l’INA dans des conditions quasi normales, avec un scénario écrit à l’avance et la collaboration de techniciens talentueux promis à de belles carrières (Thierry Arbogast à la photographie, Dominique Hennequin au mixage), Flammes se présente sous des allures moins ouvertement expérimentales que les autres films d’Adolfo Arrieta. Mais si le cinéaste se plie, avec un humour délicieux, aux contraintes d’un apparent classicisme c’est sur le mode d’un jeu enfantin, c’est à dire totalement sérieux et ignorant le second degré ricanant, qu’il explore un univers de roman familial démodé dont il observe les mécanismes étranges et familiers dans une villa entourée d’un vaste jardin où le temps semble comme en suspens.
- Caroline Loeb et Pascal Greggory dans Flammes (Arrieta 1978)
- Xavier Grandès, Jaime Santiago et les pompiers de Graçay (Cher) dans Flammes
L’exquise torpeur de cet univers à la fois clos, légèrement oppressant (les lourdes tentures rouges de théâtre), et ouvert à tous les possibles (ces innombrables portes fermées auxquelles on frappe en vain) installe les personnages dans le bercement quotidien caractérisant l’état de vacance de ceux qui « savent déjà » qu’ils vont tomber amoureux, mais pas encore exactement de qui, comme l’écrivait Jean Narboni dans l’article qu’il consacrait au film dans les Cahiers du Cinéma N° 295 de décembre 1978.
Il soulignait aussi, très justement, la pertinence du choix des acteurs et d’une sorte de doigté incomparable dans leur direction ou leur laisser-aller, au mépris du faux naturel, et tentait de cerner le maniérisme, non de surcharge, mais d’économie et de concision qui caractérise la mise en scène et le montage, très précis (le bref gros plan de l’animal en peluche qui tombe sur le tapis), assuré, comme toujours, par Arrieta lui-même.
- Dionys Mascolo dans Flammes (1978)
- Caroline Loeb et Xavier Grandès dans Flammes
Car si Flammes est indiscutablement un film onirique, aux visions inoubliables (l’apparition du pompier à la fenêtre, sur le fond noir de la nuit ; le songe de la gouvernante) il a l’exactitude minutieuse d’une composition musicale. On sera d’ailleurs frappé par l’attention toute particulière que le cinéaste consacre à une bande son qui parvient à aiguiser l’attention auditive en creusant le silence de bruits de jungle enregistrés, de carillons d’horloge, d’extraits de Debussy ou encore de chants d’oiseaux.
Angélisme et (douce) perversion sont à l’oeuvre dans le jeu de déguisements et de travestissements où la notion de choix (ou de casting) est déterminante, car pour aimer l’uniforme, on n’en a pas moins le goût de la singularité (Narboni encore) et la jeune héroïne ne manque pas de renvoyer d’un Je veux rester seule catégorique, le remplaçant, plus beau pourtant, qui se garde d’insister (Il ne faut pas se fâcher comme ça !).
- Caroline Loeb et Pascal Greggory dans Flammes (Arrieta 1978)
En effet, le jeu, qui a aussi une composante initiatique (On ne finit jamais de se connaître dit le père s’essayant lui-même, ridiculement, au déguisement et s’avouant son amour pour la gouvernante) obéit à des règles mystérieuses et Ca ne se passe jamais comme on l’imagine (dixit Paul, le frère, joué par Pascal Greggory). De plus on risque toujours de perdre le fil, même si, comme le dit le pompier au moment du départ final, on ne peut pas s’arrêter de jouer.
Ce fil ténu, Arrieta parvient à le maintenir tout au long de ce Flammes secret et envoûtant, précieux morceau de ton rêve (qui) s’est collé à la vitre.
- Flammes - affiche 2013
- Flammes - Carton revue de presse
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