L’ange et la toupie
Le 20 décembre 2010
Un spectacle de bric-et-de-broc ressuscite le cinéma magique d’Adolfo Arrieta, défiant les distinctions entre rêve et réalité, amateurisme et professionnalisme, vie et mort.
- Réalisateur : Adolfo Arrieta (Ado Arrietta)
- Acteur : caroline Loeb
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– Spectacle donné à Beaubourg le 11 novembre 2010
Un spectacle de bric-et-de-broc ressuscite le cinéma magique d’Adolfo Arrieta, défiant les distinctions entre rêve et réalité, amateurisme et professionnalisme, vie et mort.
Notre avis : Le 11 novembre dernier, vers midi, un événement, à la couverture médiathèque pourtant très discrète, réunissait une foule nombreuse d’initiés et de néophytes à l’espace -1 du Centre Beaubourg. Serge Bozon y présentait, dans le cadre de La dernière major, une performance parlée-dansée autour de la vie et de l’oeuvre d’Adolfo Arrieta concue par l’artiste lui-même en collaboration avec la chorégraphe Julie Desprairies.
Le spectacle débuta sans crier gare au milieu des allées et venues et du brouhaha, rendant immédiatement caduque toute distinction entre salle et scène et nous précipitant au coeur du sujet.
On entendit d’abord la voix de Jean-Claude Biette présentant Merlín le 24 mars 1998 au Jeu de Paume (dans le cadre du Cinéma de Trafic). Il décrivait Arrieta comme quelqu’un qui peut se lever le matin, prendre sa caméra et faire des plans, qui a toujours souterrainement un film en projet et classait ses films dans la catégorie de ceux qui donnent envie d’en faire (des films), puis parlait de leur côté très inspiré, avec des hauts et des bas, précisant que c’est ce qui leur donne la vie particulière qu’ils ont.
Le cirque artisanal des trente minutes qui suivirent n’avait besoin que de quelques pauvres accessoires pour faire surgir intacte la magie de l’univers d’Arrieta où les notions de professionnalisme et d’amateurisme, de réussite et de ratage n’ont pas plus de de sens que l’opposition entre vie et mort ou celle entre réalité et rêve.
Ange aux ailes en plastique, cartons gribouillés annonçant les numéros, acrobaties maladroites et chorégraphies approximatives, objets à deux sous qui acquièrent soudain une beauté et une vie propre, souvenirs égrenés pour la énième fois d’une voix à peine intelligible, scènes de films rejouées, par les mêmes acteurs ou par d’autres : ce merveilleux bric-à-brac enchanta par son sérieux, imperturbable comme celui d’un jeu d’enfant, et émut par son côté ronde des spectres.
On retrouva donc la toupie de El crimen de la pirindola (1964), l’ange de Imitación del ángel (1966), la danse frénétique de Tam Tam(1976). Caroline Loeb redescendit à nouveau l’escalier de Flammes (ici un simple escabeau) avant un final de comédie musicale joyeusement déglinguée.
Ce n’était pas un film et pourtant c’était du cinéma. Tout était déjà vu et pourtant c’était neuf comme au premier jour.
A quand la prochaine rétrospective ? Ou le prochain film d’Arrieta ?
Voici pour finir (provisoirement) une filmographie succincte et forcément incomplète, voire erronée, tant Arrieta s’amuse à brouiller les pistes, refaisant ses films comme il change de prénom (Udolfo, Adelpho et j’en passe) :
– El crimen de la pirindola (1964)
– La imitación del ángel (1966)
– Le château de Pointilly ou Pontilly (1969) avec Jean Marais
– Le jouet criminel (1972) avec Jean Marais
– Les intrigues de Sylvia Couski (1974)
– Tam Tam (1976)
– Flammes (1978)
– Grenouilles (1983)
– Delirios de amor (1989)
– Kiki (1989)
– Merlín (1990) d’après Les chevaliers de la table ronde de Cocteau
– Eco y Narciso (2003)
– Vacanza permanente (2006)
– Dry martini (2009)
Signalons que El crimen de la pirindola et Merlín ont fait l’objet d’une édition DVD par la revue Cinéma 014 d’octobre 2007 aux éditions Léo Scheer .
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