Festival Fnac-Indétendances à Paris Plage 2005

Le pari ne paraissait pas gagné d’avance : un festival qui associe la Fnac, le supermarché de la culture, à Paris Plage, manifestation bobo-touristique, pouvait inquiéter. Mais le résultat est là : les invités de cette session 2005 (la première a eu lieu en 2004) étaient dans l’ensemble intéressants et le cadre, les bords de Seine, champêtre et chaleureux.

The Film & A.S. Dragon

Oyez, oyez, le glam rock est de retour en France ! The Film, groupe bordelais mené par le duo Guillaume Brière et Benjamin Lebeau, a présenté un séduisant concert rock n’ roll. Secondé par un son dense et agressif et paré d’atours 70’s comme l’utilisation du vocodeur ou d’un chant très proche de Bowie. Le set s’est déroulé sans temps morts et les tubes se sont succédés : du désormais connu Can you touch me à des titres aux consonances Beatles Hey my lovely girl. On peut regretter quelques faux-pas tel un saxo au jeu inadapté ou une chanson en français un brin ridicule (Où est le plaisir ?). Mais ces petits travers ne feront pas oublier une performance pêchue et plaisante. L’oubli pourrait se porter sur A.S. Dragon si la mémoire n’avait pas la fâcheuse manie de stocker le superflu. Le public était venu en nombre acclamer Natacha (la chanteuse, à ce que l’on dit charismatique) et sa bande qui nous ont servi une pop mielleuse enfoncée par un son frôlant la platitude. Et passons sur les gesticulations pseudo lascives de la pop star et les paroles d’une pauvreté accablante du style "Tant pis si moi je suis ce que je suis". Oui, tant pis.

Chérif Mbaw & Amadou et Mariam

La Brésilienne Céu, avec son joli minois et un petit fessier qu’elle tentera tant bien que mal d’agiter sur scène, n’aura laissé qu’une impression médiocre à l’issue du concert. Ses déplacements scéniques étaient dignes de Francis Cabrel et son répertoire aux consonances soul-jazz dissimulait mal une variété brésilienne ennuyeuse.

Heureusement, Chérif Mbaw est arrivé... tranquillement. Le chanteur-guitariste sénégalais a interprété un répertoire folk aux accords tantôt langoureux et posés, tantôt rythmés par le claquement des cordes. Chérif Mbaw chante en wolof, en français, il prend son temps entre chaque morceau. Amusé par le retour chaleureux du public, il échange des regards satisfaits avec son percussionniste et son contrebassiste. Le groupe semble aller dans le même sens : le plaisir de jouer, et l’ambition de partager une histoire. La légende dit que Chérif Mbaw a commencé ses tours de chant dans le métro. Eh bien, souhaitons-lui la bienvenue sous le soleil.
La suite était attendue. Les stars maliennes Amadou et Mariam se sont vus consacrées par un parterre archicomble. Ils ont égrené les morceaux de leur dernier album sans omettre de ponctuer le set de messages consensuels et bon enfant (vive la paix, l’amour). Les solos de guitare d’Amadou, très influencés par le jeu et le son de Mark Knoffler, fatiguent un peu mais le spectacle charme. À commencer par Buba, le percussionniste. D’une vitesse d’exécution hallucinante, on voit ses mains figées dans l’air et dans le même temps le son du djembé vient percuter les tympans, autant dire que Lucky Luke a du mouron à se faire. Et le show s’est terminé par un petit bœuf avec Chérif Mbaw, venu poser sa voix sur celle de ses aînés dans une ambiance ludique et fraternelle.

Spleen & Nosfell

Lauréat du CQFD-Les Inrocks, Spleen marque par ses talents d’orateur. Il tchatche bien, gesticule, lève le poing mais... mais l’énergie hip-hop dispensée est loin d’être soutenue par sa musique soul sans relief.Le contraste en est même saisissant au point d’avoir l’impression d’assister à une juxtaposition de genres et non à une fusion. Spleen doit choisir son camp s’il ne veut pas courir le risque de finir compositeur maudit.
Nosfell ne devrait pas avoir ce souci. Labyala de son prénom n’est pas une voix mais une multitude de voix qui s’harmonisent, se croisent, et se démultiplient à l’aide d’un sampler. Nosfell est un conteur moderne. Son visage se plie aux intonations dans des grimaces cocasses et le corps suit les lignes de basse ondulantes en se mouvant sur scène comme un reptile (certains disent un caméléon, un serpent serait plus juste, ou une iguane, mais c’est déjà pris). Nosfell est accompagné sur scène par Pierre Le Bourgeois, lequel manie le violoncelle, la basse et les percussions. Le duo produit un show électrique, envoûtant, délirant, et si par chance, il passe dans votre ville, ne serait-ce que par curiosité, laissez-vous tenter !

Prochaines dates de concerts :

Céu 18/10 à La Cigale à Paris (75).

Nosfell 9/09 à la Fête de l’Humanité à La Courneuve (93), 11/09 à Lignan (33), 17/09 à Loudéac, 21/09 à Clermont-Ferrand (63), 24/09 à Plaisir (78) , 6/10 à Cagnes-sur-Mer (06), 8/10 à Aix-en-Provence (13), 14/10 à Gap (05), 15/10 à Coustellet (84), 18/10 à Meylan (38), 20/10 à Hyères (83), 21/10 à Marseille (13), 22/10 à Manosque (04), 25/10 à La Cigale à Paris (75), 17/10 au Havre (76).

Amadou et Mariam 9/09 à la Fête de l’Humanité à La Courneuve (93), 13/10 à Nancy (54), 22/10 à Fribourg (Suisse), 26/10 à l’Olympia à Paris (75), 23/11 à Hérouville- Saint-Clair (14), 24/11 à Eysines (33), 25/11 à Perpignan (66), 26/11 à Toulouse (31), 30/11 à Bruxelles (Belgique), 1/12 à Villeurbanne (69), 2/12 à Grenoble (38), 3/12 à Montceau-les-Mines (71), 7/12 à Lille (59), 11/12 à Clermont-Ferrand (63), 14/12 à Schiltigheim (67), 15/12 à Saint-Malo (35), 16/12 à Saint-Herblain (44).