Le 14 mai 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
A l’approche de l’ouverture du Festival de Cannes ce mercredi 15 mai, focus sur 5 films qui peuvent prétendre à la récompense suprême, la Palme d’or.
A l’approche de l’ouverture du Festival de Cannes ce mercredi 15 mai, focus sur 5 films qui peuvent prétendre à la récompense suprême, la Palme d’or.
Parmi les 20 longs métrages en compétition, difficile de désigner un favori, même si certains parviennent à tirer leur épingle du jeu. C’est notamment le cas de The Immigrant, Le Passé, Only God Forgives, La Grande Belleza et GriGris. Description de leurs forces et faiblesses.
1. The Immigrant, de James Gray (USA)
Cité dans de nombreuses rumeurs qui ne s’étaient pas trompées, la sélection de The Immigrant n’est en rien une surprise. Le film, initialement intitulé Lowlife puis Nightingale, raconte l’histoire d’Ewa (Marion Cotillard) et sa soeur Magda, des immigrées polonaises qui débarquent en 1920 à New York par Ellis Island. Mais les deux soeurs vont malgré elles découvrir le New York des bas-fonds et se faire abuser par Bruno (Joaquin Phoenix).
Cinq ans après Two Lovers, James Gray présente certainement avec The Immigrant son film le plus ambitieux et personnel, puisque ce dernier est directement inspiré de l’histoire de ses ancêtres russes qui, eux-aussi, arrivèrent à New-York en 1920. Le film devrait en surprendre plus d’un tant il se distingue, sur le papier, des précédents longs métrages du cinéaste - même s’il prolonge le tournant romantique déjà amorcé par Two Lovers. L’éternel thème de la famille, cher à James Gray, est encore présent.
The Immigrant peut-il gagner la Palme d’or ?
Clairement, The Immigrant est l’un des grands favoris à la Palme d’or de cette 66ème édition du Festival de Cannes. Un cinéaste américain adulé en France et par le Festival, une histoire qui décrit une romance historique sur fond d’immigration (sujet politique plus que jamais d’actualité), le tout porté par des acteurs de premier plan (Phoenix l’américain qui donne la réplique à Cotillard la française) : il ne fait pratiquement aucun doute que le film devrait ravir le jury de Steven Spielberg. Surtout que James Gray est toujours reparti bredouille de la Croisette. Une anomalie qui pourrait être réparée.
2. Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn (Danemark)
Comme pour se justifier de la présence évidente d’Only God Forgives en compétition, Thierry Frémaux le présenta lors de l’annonce de la sélection officielle comme « un film punk, radical », qui n’est pas une « suite de Drive ». On veut bien le croire, puisque Nicolas Winding Refn devrait avec Only God Forgives renouer avec l’ultra-violence de ses premiers longs métrages (Bronson, Bleeder, la trilogie Pusher et plus récemment Le guerrier silencieux) qui ont forgé sa réputation de cinéaste percutant. L’histoire ? La vengeance de Julian (Ryan Gosling), un américain devenu trafiquant de drogues en Thaïlande, prêt à tout pour débusquer l’auteur du meurtre de son frère Billy. Pas de doute : comme ses premières images le montrent, Only God Forgives s’annonce sanglant.
Only God Forgives peut-il gagner la Palme d’or ?
Oui, mais ce sera difficile. En effet, on imagine mal le jury de Steven Spielberg décerner la récompense ultime à un film si violent et amoral. Néanmoins, après The Tree Of Life et Amour, faire triompher Only God Forgives en lui attribuant la Palme d’or serait une incroyable audace de la part d’un Festival qui a souvent récompensé des longs métrages peu conventionnels. Statut qu’Only God Forgives devrait posséder, en dépit de la présence en tête d’affiche de Ryan Gosling, acteur à la renommée planétaire depuis Drive, d’un certain Nicolas Winding Refn.
3. Le Passé, d’Asghar Farhadi (Iran / France)
Deux ans après l’incroyable - et mérité - succès critique et public d’Une séparation (film iranien ayant fait le plus d’entrées en France), Asghar Farhadi présente Le Passé, un drame social qui met en scène le divorce entre Ahmad, un iranien interprété par Tahar Rahim, et Marie, une française campée par Bérénice Bejo. Farhadi reste donc fidèle à son cinéma en tournant un nouveau long métrage sur la séparation amoureuse, thème qu’il affectionne tout particulièrement (Une séparation, La fête du feu). Néanmoins, dans cette production française, le réalisateur iranien dirige pour la première fois des acteurs qui, en plus de disposer d’une renommée internationale, ne parlent pas sa langue, chose qui a dû être un sacré défi pour cet homme de 41 ans seulement. Asghar Farhadi faisant désormais partie de ces cinéastes mondialement considéré, autant dire que Le Passé est un film très attendu qui ne pouvait en aucun cas passer à côté de cette sélection cannoise.
Le Passé peut-il gagner la Palme d’or ?
Sur le papier, Le Passé est sans conteste l’un des longs métrages ayant le plus de chances pour décrocher la Palme d’or : un cinéaste unaniment reconnu par ses pairs, un casting de haute volée, le tout au service d’un drame qui s’annonce poignant. De plus, le talent de Farhadi n’ayant pas été repéré au bon moment par le Festival de Cannes - le cinéaste fut révélé à la Berlinale en 2009 et 2011 avec A propos d’Elly, Ours d’argent, puis Une Séparation, Ours d’Or -, le jury cannois pourrait être tenté d’inscrire enfin le nom du cinéaste dans le palmarès du Festival. Reste à savoir si Farhadi a réussi son premier film mondial en évitant de tomber dans le piège de la redite et de l’oeuvre trop calibrée pour le Festival de Cannes.
4. La Grande Belleza, de Paolo Sorrentino (Italie)
Paolo Sorrentino retrouve Toni Servillo dans cette comédie dramatique aux relents absurdes. La Grande Belleza se déroule à Rome, où Jep Gambardella, un journaliste et ancien écrivain à succès vit de fêtes en fêtes, d’invitations en invitations. Mais Jep, homme cynique et désabusé, en a marre de cette existence superficielle et pense à se remettre à écrire pour reprendre goût à la vie.
Dans un style qui lui est propre, Sorrentino offre à travers ce nouveau film un portrait ironique de nos sociétés contemporaines où le beau côtoie sans arrêt l’effroi. Le génial Toni Servillo, acteur fétiche de Sorrentino, devrait faire des ravages dans ce long métrage annoncé par beaucoup comme le meilleur du réalisateur italien.
La Grande Belleza peut-il gagner la Palme d’or ?
Tout comme James Gray, Paolo Sorrentino est un habitué du Festival de Cannes puisqu’il y a déjà présenté quatre de ses cinq précédents longs métrages : Les conséquences de l’amour, L’Ami de la famille, Il divo et This must be the place. Néanmoins, seul Il divo est reparti de la Croisette avec un prix, à savoir le Prix du Jury - notons aussi le Prix du Jury Oecuménique, plus anecdotique car délivré par un jury indépendant, obtenu par This must be the place. Il ne fait donc aucun doute que le cinéaste italien présente La Grande Belleza avec l’ambition de décrocher, enfin, cette palme d’or qui lui échappe depuis de nombreuses années. La tâche restera difficile, de nombreux membres du jury ayant un goût prononcé et affiché pour le spectacle et le divertissement (Spielberg, Kidman, Lee, Waltz), même si cela ne représente pas, et fort heureusement, une fatalité : souvenons-nous du sacre d’Oncle Boonmee, palme d’or 2010 délivrée par le jury de Tim Burton, dont le cinéma est à des années lumières de celui de Weerasethakul. La Grande Belleza reste en ce sens un très sérieux prétendant.
5. Grigris, de Mahamat Saleh Haroun (Tchad)
Seul représentant africain de la compétition officielle aux côtés du franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui y présente La vie d’Adèle, Mahamat Saleh Haroun revient sur la Croisette avec Grigris, film qui raconte l’histoire émouvante d’un jeune homme de 25 ans qui souhaite devenir danseur bien que souffrant d’une jambe paralysée. Le film, qui a été produit en France, devrait ainsi disposer d’une histoire dramatique et particulièrement touchante, Mahamat Saleh Haroun ayant une réelle capacité à créer de l’émotion. Affichant une durée de 1h41, Grigris se présente comme l’un des longs métrages les plus courts de la compétition, juste après La Vénus à la fourrure de Roman Polanski (1h36).
Grigris peut-il gagner la Palme d’or ?
Face aux mastodontes précédemment cités, difficile de croire, au premier abord, au sacre de Mahamat Saleh Haroun avec Grigris. Pourtant, le réalisateur tchadien avait déjà éclaboussé la Croisette de son talent avec l’excellent Un homme qui crie, prix du Jury en 2010 - qui fut aussi la première distinction africaine depuis 13 ans. Alors pourquoi ne pas croire à un miracle cette année ? Les plus chanceux qui ont pu visionner les premières minutes du film ont d’ailleurs été impressionnés par sa maîtrise. Chez aVoir-aLire, on y croit.
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