Le 20 mai 2005
A part un ou deux couacs sur le son - un équilibre fragile entre cuivres et voix -, Femi Anikulapo Kuti a livré un spectacle électrique et sensuel de haute volée. Prochain concert à Lyon le 21 mai (voir à la fin de l’article).
A part un ou deux couacs sur le son, Femi Anikulapo Kuti a livré spectacle électrique et sensuel de haute volée.
Ce concert avait tout du grand show type big band : les percussionnistes investissent la scène, suivent le claviste, les guitariste et bassiste et la section cuivre. Chaque groupe de musiciens effectue une petite chorégraphie bien établie avant de prendre place au fond de la scène ou sur le côté mais toujours dans l’ombre. Une entrée académique, classique. La chaleur va monter d’un cran avec le surgissement de trois choristes magnifiques, vêtues d’un petit haut et d’un petit bas, dont les courbes et le frétillement fessier suffiront à décoincer une salle acquise mais encore frileuse. Femi Kuti peut alors apparaître en roi-soleil baigné de lumières nigérianes, vertes et blanches, vêtu d’une tunique ocre, le sourire aux lèvres, le regard contemplatif posé sur le public.
Cette mise en scène étudiée, réfléchie, montre que dans la république de Femi on ne fait pas n’importe quoi, une certaine discipline règne. Et la musique n’en est pas exempte, elle en est même peut-être l’instigatrice. En chef d’orchestre, Femi, le poing fermé et convulsif, clôt les morceaux, accorde à ses musiciens les prises de solo, dirige l’ensemble avec rudesse tout en ménageant une certaine connivence au sein du groupe. On sent une volonté de précision, de maîtrise très forte, laquelle n’altère en rien l’énergie dégagée. Femi parcourt la scène, dévoile son torse, agrippe son saxophone soprano, se fige, tremble de tous ses membres et se libère par un saut, un cri. Les morceaux s’enchaînent, du tube Beng beng beng à des chansons revendicatrices comme Fight to win, avec des interludes façon Miles Davis à la trompette. Pendant ce temps les filles ondulent sur la mélodie et dansent lascivement, sexuellement, d’une gestuelle toujours calée sur le rythme. Les peaux ruisselantes de sueur sur scène et dans la salle, la touffeur ambiante, et les longues boucles envoûtantes de l’afrobeat portée par une section cuivre puissante, donnent au Bataclan des allures de transe festive placée sous le signe de la Positive force.
Et c’est à l’issue du concert, à l’ouverture des portes, que l’on prend conscience du savoir-faire de Femi Kuti : une bouffée de chaleur compacte s’échappe dans la rue et entraîne dans son sillage une foule aux vêtements trempés et aux bouilles réjouies. À cet instant, on comprend que tout depuis le début concourait à ce résultat et que, derrière le classicisme de façade, se fomentait un dénouement beaucoup moins sage. Femi Kuti sait enthousiasmer son public, l’emporter, même si, jusqu’à la fin, certains dans les balcons - mais je ne citerai pas de noms - ont accompli la prouesse de garder leurs fesses au fond des fauteuils.
Prochains concerts :
– 21 mai 2005, Lyon, Parc de Gerland
– 2 juillet 2005, Bruxelles, Tour et Taxis
– 4 août 2005, Monaco, Grimaldi Forum
– 5 août 2005, Marciac (32), Arènes de Marciac
– 7 août 2005, Le Cayral (34), Stade du Cayral
– 13 août 2005, Langres (52), Lac de Villegusien
Galerie photos
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