Le 7 juillet 2020
- Compositeur : Ennio Morricone
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Le compositeur italien est mort dans la nuit de dimanche à lundi, à l’âge de 91 ans. Légende de la musique de films, il avait collaboré avec les plus grands réalisateurs de son temps, notamment Sergio Leone pour qui il signa des partitions inoubliables.
News : Imagine-t-on Il était une fois dans l’Ouest sans les stridences de l’harmonica et les guitares hurlantes qui annoncent les règlements de compte ? Se représente-t-on Le Bon, La Brute et la Truand sans les harmonies vocales et les percussions rythmées qui accompagnent la cavalcade de Clint Eastwood ? Comment la fin de Cinema Paradiso (les scènes censurées que visionne Salvatore) pourrait-elle se concevoir sans la symphonie lyrique qui illustre l’émotion du personnage ? Lequel d’entre nous n’a pas en tête la ritournelle du Clan des siciliens, indissociable du film de Verneuil ? Comment oublier l’élévation de la caméra, à la fin du Professionnel, tandis que résonnent les accords du clavecin néo-baroque de Chi Mai ? Quelle saveur aurait la première apparition de Terence Hill dans Mon nom est Personne, sans les notes enjouées d’une flûte, savamment incluse au sein de l’orchestration ?
On pourrait multiplier à l’envi les souvenirs cinématographiques sur lesquels se posent les mélodies de celui qu’on surnommait le "Maestro".
Ennio Morricone, mort dans la nuit de dimanche à lundi, à l’âge de 91 ans, était une légende de la composition musicale, bien sûr associée à son complice Sergio Leone qui avait saisi l’importance de sa collaboration : "Morricone est mon meilleur scénariste" avait-il un jour avoué.
Au départ, il y eut la formation classique d’un fils de trompettiste, qui, très tôt, montra des prédispositions pour la musique, à tel point qu’il fréquenta, dès son plus jeune âge, l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome, où il remporta un premier diplôme. D’autres prix suivent au fil des années (composition, instrumentation, direction d’orchestre) : la carrière de Morricone semble tracée, l’artiste témoigne d’un éclectisme dont ses musiques porteront la marque. Il se distingue autant dans les compositions classiques et expérimentales, que dans les arrangements de chansons populaires, travaillant à la fois pour la radio et pour la télévision, à partir des années 50.
Le cinéma le repère et l’appelle une première fois par l’intermédiaire de Luciano Salce pour sa comédie Mission ultra-secrète (Il federale), en 1961. Ce sera le début d’une prodigieuse carrière de 57 ans avec le septième art. Il y a deux ans, le Maestro, infatigable, signait encore la bande originale du long métrage A Rose in Winter de Joshua Sinclair.
Les plus grands réalisateurs ont fait appel à lui. On ne peut pas tous les mentionner tant la liste est longue, comme celle des films que Morricone a musicalement illustrés. On citera, parmi d’autres, Pier Paolo Pasolini, pour Le Décameron (1971), Luigi Comencini pour La Femme du dimanche (1975), Dario Argento pour Le Chat à neuf queues (1971), John Carpenter pour The Thing (1982), Pedro Almodóvar pour Attache-moi ! (1989), Brian De Palma pour Mission to Mars (2000), Quentin Tarantino (un immense fan) pour Kill Bill 2 (2004), Inglourious Basterds (2009), Django Unchained (2012), Les Huit Salopards (2015). Parmi les metteurs en scène hexagonaux, Henri Verneuil, Yves Boisset, José Giovanni, Edouard Molinaro, Jacques Deray ont fait appel à ses services.
L’inspiration du compositeur italien donne le tournis : plus de 500 productions musicales pour le cinéma et la télévision. On ne sait où ce bourreau de travail trouve le temps d’inventer, parallèlement à ces sollicitations multiples, ce qu’il appelait sa musica assoluta (musique absolue), qu’il opposait à ses bandes originales et qui se déclinait en pièces de musique de chambre et pour orchestre, de 1946 à 2015, date à laquelle il acheva une messe en l’honneur du pape François.
A partir de 2001, l’artiste multiplia les tournées triomphales en tant que chef d’orchestre, proposant notamment certains de ses thèmes les plus fameux.
Morricone a régné sans partage durant ces soixante dernières années, tissant avec l’image un lien organique. Il était aussi connu que les réalisateurs avec lesquels il travaillait. Mais c’est évidemment à Sergio Leone que son nom reste éternellement attaché. Ces deux complices, bien au-delà du western spaghetti, auront été un tandem de cinéma inoubliable.
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