Dans la serre
Le 12 janvier 2015
La diva Vera Kholodnaïa dans un implacable drame social qui témoigne de la maturité atteinte par le cinéma de Bauer en 1915.
- Réalisateur : Yevgeni Bauer
- Acteurs : Vera Kholodnaia, Arseni Bibikov, Ivan Gorski, V. Glinskaia, S. Rassatov, A. Sotnikov
- Genre : Drame, Mélodrame, Film muet
- Nationalité : Russe
- Durée : 37mn (version conservée sans intertitres)
- Titre original : Дети века
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– Scénario : M. Mikhailov
– Images : Boris Zaveliov
– Production : Aleksandr Khanjonkov & Cie
La diva Vera Kholodnaïa dans un implacable drame social qui témoigne de la maturité atteinte par le cinéma de Bauer en 1915.
L’argument : Maria Nicolaevna, épouse d’un modeste employé de banque, mène une existence paisible avec son mari et son bébé. Elle retrouve par hasard une amie d’enfance, Lidia, qui, ayant hérité de la fortune de son époux, l’initie aux plaisirs d’une vie luxueuse et mondaine. Maria fait connaissance par son intermédiaire de Lebedev, un homme aussi riche qu’influent. Fortement épris de Maria, ce dernier décide de faire la cour à la jeune femme. Maria refuse cependant de céder à ses avances. - Source : www.festival-larochelle.org
Notre avis : Disparue prématurément à l’âge de 25 ans, le 16 février 1919, des suites de la grippe espagnole, Vera Kholodnaia fut, à partir de 1915 (Le chant de l’amour triomphant de Bauer, d’après Tourgéniev), La diva du cinéma russe pré-révoltionnaire.
- Vera Kholodnaïa dans Дети века (Bauer 1915)
De la quarantaine de films auxquels elle aurait participé au cours de sa brève mais intense carrière seuls quelques uns ont survécu, dont les remarquables mélodrames signés Piotr Tchardynine, Mirages (1915) et Tais-toi, ma tristesse, tais-toi (1918), et deux chefs d’œuvres de Bauer, Une vie pour une vie et ce Deti veka (ou Dieti Vieka) dans lequel sa silhouette frêle, sa grâce de danseuse et ses grands yeux au regard intense exercent un pouvoir de fascination d’autant plus intense que le film feint de lui dénier son statut de diva et que son rôle n’y est pas particulièrement mis en avant au détriment des autres.
- Дети века 1915 Bauer
- Дети века 1915 Bauer
En effet Bauer accorde une attention égale aux autres personnages : la cousine intrigante (V. Glinskaiaa) dont l’élégance ostentatoire, vulgaire, et l’ assurance à toute épreuve prennent littéralement possession de l’espace qui l’environne (son irruption dans le modeste appartement du couple ; l’air de triomphe quand elle ramasse le sac à main de l’héroïne dans le parc) ; l’arrogant Lebedev (Arseni bibikov) incapable de même soupçonner qu’on puisse lui résister ; le mari effacé (Ivan Gorski) qui est le véritable protagoniste du drame et que ses brefs accès de révolte renvoient implacablement à sa pathétique impuissance (il ne fait tout simplement pas le poids).
Si la caractérisation est toujours précise, le trait n’est jamais chargé, car, plus que d’un mélodrame tire-larme, c’est à un drame social d’une cruauté sèche que nous avons affaire ici et Bauer sait admirablement tirer parti de la dimension documentaire des scènes filmées dans la rue (les passants qui observent ce qui se passe sans y accorder une importance particulière) ou sur les passerelles du Gum à Moscou où a lieu la rencontre initiale entre les deux cousines.
- Дети века 1915 Bauer
- Дети века 1915 Bauer
La mise en scène sait donner une véritable fonction dramatique aux décors et aux costumes en soulignant l’opposition entre deux univers et en nous faisant ressentir l’attrait irrésitible exercé sur l’héroïne par un monde de luxe et d’opulence que magnifie la superbe photo de Boris Zaveliov, en particulier dans les scènes de la serre et du bal costumé.
L’absence d’intertitres et les enchaînement parfois abrupts dans la copie subsistante ne constituent pas véritablement une gêne pour le spectateur. La maturité psychologique du cinéma de Bauer et sa maîtrise de l’effet dramatique, efficace sans recourir à l’emphase (la voiture ne démarrant pas tout de suite lorsque les deux cousines emmènent l’enfant, alors que le mari approche sur le trottoir), ne s’y manifestent qu’avec plus d ’évidence.
- Ivan Gorski dans Дети века (Bauer 1915)
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