En observation
Le 5 novembre 2014
Hjördis Triebel porte vaillamment sur ces épaules un récit assez prenant consacré pour une fois à l’expérience d’une transfuge de l’est après le passage du mur.
- Réalisateur : Christian Schwochow
- Acteurs : Jördis Triebel, Alexander Scheer, Jacky Ido, Tristan Göbel, Anna Antonowicz
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 31 août 2016 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Westen
- Date de sortie : 5 novembre 2014
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– Tournage du 9 octobre au 28 novembre 2012 à la Gallwitz-Kaserne de Bonn, à Berlin et à Mönchengladbach
– Sélectionné en août 2013 pour le World Film Festival de Montreal (prix de la presse et prix de la meilleure actrice) ; Internationale Filmtage de Hof (Première en Allemagne le 25 octobre 2013) ; Tallinn ; Arras (prix spécial du jury) ; Seattle 2014
– Lola de la meilleure actrice 2014
– Sortie salles en Allemagne : 27 mars 2014
Hjördis Triebel porte vaillamment sur ces épaules un récit assez prenant consacré pour une fois à l’expérience d’une transfuge de l’est après le passage du mur.
L’argument : Fin des années 70, quelques années après la mort de son fiancé, Nelly décide de fuir la RDA avec son fils afin de laisser ses souvenirs derrière elle. La jeune femme croit à un nouveau départ de l’autre côté du mur, mais en Occident où elle n’a aucune attache, son passé va la rattraper…
La jeune femme va-t-elle enfin réussir à trouver la liberté ?
Notre avis : Le cinéaste Christian Schwochow semble s’être fait une spécialité des sujets liés à l’histoire de l’ex-RDA (où il est lui-même né en 1978).
Dans Novemberkind / Enfant de novembre (2008) une jeune femme élevée dans un orphelinat découvrait que ses parents l’avaient abandonnée dans sa petite enfance pour s’enfuir à l’ouest et Der Turm / La tour (2012) était l’adaptation télévisée en deux volets, assez décevante il faut le dire, du best-seller de Uwe Tellkamp, formidable radioscopie de la RDA des années 80.
Dans Westen / De l’autre côté du mur, présenté en avant-première dans le cadre du 19e Festival du cinéma allemand de Paris, seules les toutes premières séquences se passent en Allemagne de l’Est mais l’héroïne qui a cru, en passant à l’ouest, s’échapper d’un univers où elle se sentait en permanence sous observation et où toute question était forcément piégée finit par être rattrapée par la mécanique insidieuse du soupçon au point de céder à une véritable paranoia.
Le cinéaste et sa co-sénariste Heide Schwochow, qui est aussi sa mère, s’inspirent d’un des récits racontés par Julia Francks dans le roman Lagerfeuer / Feu de camp (2003 ; traduction française publiée chez Flammarion) pour reconstituer, avec un réalisme documentaire assez convaincant, le camp d’accueil d’urgence de Marienfelde et tenter de recréer l’atmosphère règnant au début des années 70 dans le Berlin encore découpé en quatre secteurs co-administrés par les armées des ex-alliés de 1945.
- Westen - Christian Schwochow (2012/2013) © Frank Dicks/ zero one film
Les qualités du film de Schwochow sautent aux yeux. Ecriture et mise en scène témoignent d’un savoir faire indiscutable et d’un sens affirmé de l’efficacité dramatique qui sait faire monter la tension à l’intérieur d’une séquence.
Bien des détails sont bien observés, sonnent juste. Mais les répliques bien senties, cherchant immanquablement à faire mouche et à provoquer la connivence du spectateur (l’héroïne, à l’agent américain trop plein de sollicitude : Vous attendez de la gratitude ! ; l’enfant, répliquant au prêtre qui lui fait une remarque sur son foulard que, oui, ceux des pionniers étaient parfois rouges mais pas avec des points blancs !), certaines touches d’humour un peu facile, une caméra excessivement baladeuse, filmant toujours de très prés (un procédé qui neutralise rapidement l’effet d’immersion recherché) et une musique passe-partout, forçant l’émotion, marquent les limites d’une entreprise trop balisée.
- Westen - Christian Schwochow (2012/2013)
Néanmoins les retournements dramatiques trop prévisibles (le passage à tabac du faux agent double, personnage clé mais qui reste bien schématique), une résolution finale improbable parce que mal amenée, une facture générale trop bien huilée n’empêchent pas le cinéaste de captiver souvent l’attention et d’installer un climat anxiogène assez prenant.
Il réussit même quelques beaux moments d’émotion fragile, non préfabriquée (celle de la conversation nocturne dans le parc automnal près des baraques) et trouve en Hjördis Triebel une interprète qui porte vaillamment l’ensemble sur ses épaules avec une belle énergie, dessinant une attachante figure de femme à la fois forte et vulnérable.
- Westen - Christian Schwochow (2012/2013)
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