La révélation Kervern
Le 2 septembre 2014
Beau, sensible, raffiné tout en restant populaire, le dernier Salvadori est un petit bijou à se procurer d’urgence.
- Réalisateur : Pierre Salvadori
- Acteurs : Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Féodor Atkine
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h37mn
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Sortie DVD : 3 septembre 2014
Un Salvadori salvateur, porté par des comédiens habités, très beau portrait d’un homme et d’une femme à la dérive qui vont retrouver ensemble le goût de la vie. Avec la révélation Gustave Kervern dont le rôle touche le spectateur bien au delà de la simple empathie, comme si nous avions tous été un jour ou l’autre un Antoine. Quand le cinéma français ne sombre pas dans le pathos et les clichés à trois francs six sous et cherche à développer un discours de fond sans l’air d’y toucher, on ne peut qu’en être fier. Dans la cour est, et restera, une magnifique apologie de la vitalité, dans tous les sens du terme.
L’argument : Antoine est musicien. A quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d’errance, il se fait embaucher comme gardien d’immeuble. Jeune retraitée, Mathilde découvre une inquiétante fissure sur le mur de son salon. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l’immeuble s’effondrait... Tout doucement, Antoine se prend d’amitié pour cette femme qu’il craint de voir sombrer vers la folie. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.
Le film : « Maman disait toujours, la vie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Si le long chemin de la vie n’est pas pavé uniquement de chocolats blancs, elle réserve également bien des joies qui passent souvent par une rencontre : un ami, un amour, un amant ou peut être juste une personne qui est là, juste là,à un moment donner, pour nous écouter et être à même de nous comprendre. Dans la cour, c’est l’histoire de cette rencontre miraculeuse entre deux êtres que tout oppose mais tous deux, à leur façon, abîmés par la vie. Si le duo Kervern / Deneuve (le film ayant à la base été écrit avec la volonté de tourner avec cette dernière) ne cherche pas à établir « un way of life » des relations humaines, il développe un chemin de traverse personnel grâce à l’acceptation de l’autre dans son intégralité, ses failles, faiblesses se muant en véritables objets de reconnaissance mutuelle. Dans la cour est un de ces films qui vous fait réellement du bien car il réussit son pari d’être une tragi-comédie à part entière, simple, sensible et vraie, peuplée de personnages nobles, sortes de héros devenus extraordinaires par l’intérêt qu’on leur porte. C’est aussi une belle occasion de croiser un comédien formidable, Gustave Kervern, ex-trublion de Groland devenu l’incarnation d’un Antoine perdu quelque part entre volonté et résignation, qui apporte au film subtilité et saveur. Un rôle sur mesure pour ce monsieur tout le monde pas si ordinaire tout à la fois nounours à barbe bonhomme et écorché vif au jeu d’une incroyable générosité. Merci à Salvadori de lui avoir fait confiance pour l’aider à amorcer ce virage vers un cinéma de l’intime plus profond et personnel qui tire du côté de l’autobiographie et du portrait.
La critique : ICI
Les suppléments :
Une édition un peu light en bonus. Le spectateur devra se contenter d’un entretien avec le réalisateur Pierre Salvadori (30mn) qui revient sur le genèse du film, sa vision du cinéma et de l’écriture du scénario ainsi que sur sa relation avec son "double" : le doux dingue Gustave Kervern, rencontré par hasard en soirée. On regrette de ne pas entendre Kervern ou Deneuve s’exprimer sur leur expérience du point de vue de l’acteur.
L’éditeur nous gratifie cependant d’un grand nombre de scènes coupées commentées par Pierre Salvadori qui permettent de se rendre compte de la manière de fabriquer un film en sacrifiant beaucoup à l’idée de rythme et de musicalité. "Monter, c’est d’abord et avant tout un combat contre soi-même", assure Salvadori, et ce ne sont pas les réalisateurs qui le contrediront.
L’image :
Image 16/9 compatible 4/3, d’une grande netteté dans l’ensemble qui donne au film un aspect globalement très lumineux. On notera cependant quelques bémols : légers scintillements par moments, quelques problèmes de saturation, des noirs qui manquent de profondeur et un rendu un peu trop sombre pour les scènes de nuit.
Le son :
L’éditeur propose le film en version DTS 5.1 et Dolby Digital 2.0 avec possibilité d’audiodescription pour Aveugles et Malentendants. Si le film bénéficie d’un bon mixage, les dialogues restent très étouffés et l’ensemble manque de puissance, d’autant plus que le personnage d’Antoine a une voix très douce et apaisante, volontairement effacée.
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