Après vous - Pierre Salvadori - critique

Notre avis : Pour que vos attentes de spectateur ne soient pas déçues, le préalable indispensable à la projection de ce film est un recadrage : ceci n’est pas une comédie ! Trompé par l’hyperactivité de la brasserie, de ses ballets de serveurs et serveuses, on s’imagine à tort que le récit sera rythmé et léger. Or ça ne "démarre" jamais vraiment : le tempo de Après vous est résolument piano, piano. Et si Pierre Salvadori avait bel et bien l’intention de faire une comédie, un film rapide et plein de vitalité, il semble qu’il ait manqué cet objectif.
Car l’ensemble se situe davantage du côté de la fable, une fable qui prend son temps, qui s’offre des personnages improbables (comme ce saint Antoine acharné qui ne connaît pas la limite entre ce qui "sert" autrui et lui-même), des baisers d’opérette et une "morale de l’histoire". Le réalisateur n’ayant pas subordonné l’histoire au genre, Après vous conserve ainsi le bénéfice d’un scénario qui excite la curiosité en cherchant à montrer que celui à qui on rend service est celui qui rend service. Moyennant quoi, on ne lui a pas nécessairement rendu service. Quoique... Bref, une mise en scène extrémiste des " bonnes intentions".
Précisément, les acteurs ont là fort à faire : Daniel Auteuil est censé représenter le gars loyal et droit qui se retrouve dans la situation du traître, égoïste puis éperdu ; José Garcia est d’abord l’inadapté, l’hypersensible, puis l’ami généreux et fiable... Pour faire vivre leurs personnages, les acteurs doivent donc faire se succéder des attitudes opposées, et symbolisées dans un premier temps par l’autre personnage du tandem. Exercice périlleux que cette inversion des rôles, ni vraiment drôle, ni franchement pertinente...

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