Le 20 mars 2021
Une comédie d’auteur décalée et sympathique, remarquablement dialoguée, mais qui souffre de chutes de rythme.
- Réalisateur : Pierre Salvadori
- Acteurs : Audrey Tautou, Vincent Elbaz, Adèle Haenel, Pio Marmaï, Damien Bonnard
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 6 octobre 2022 21:00
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 31 octobre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Quinzaine des Réalisateurs 2018
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Résumé : Yvonne (Adèle Haenel), jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi (Vincent Elbaz), héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine (Pio Marmaï), injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies.
Critique : Depuis Cible émouvante, Pierre Salvadori concocte d’agréables fantaisies, inspirées de courants aussi divers que le cinéma comique italien (Les Apprentis) ou la comédie de l’âge d’or hollywoodien (Hors de prix, sans doute sa plus belle réussite). Mais jamais il ne s’était frotté au pur burlesque ou screwball, un genre qui a connu ses titres de noblesse avec des œuvres aussi variées que les productions Mack Sennett, L’Impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks ou Boire et déboires de Blake Edwards. C’est chose faite avec son dernier opus qui s’inscrit toutefois sur les rails de la comédie d’auteur à la française, une catégorie qui englobe, pour le meilleur, des œuvres de Rappeneau et Jaoui-Bacri (Rohmer est hors-concours) et, pour le pire, le cinéma des frères Larrieu. Pierre Salvadori, comme d’autres, semble s’excuser de réaliser une comédie (et à plus forte raison une farce bouffonne), et donne l’impression de se forcer à trouver un ton décalé, une sophistication des dialogues et des digressions mélancoliques pour s’assurer une respectabilité et se démarquer d’un simple cinéma comique de producteur, celui qui a financé Oury et Veber (pour le meilleur) et Max Pécas pour le pire. Le plus réussi de En liberté ! réside ainsi dans les dialogues, écrits par Salvadori lui-même, ses coscénaristes Benjamin Charbit et Benoît Graffin l’ayant assisté pour les développements du synopsis.
- Copyright Memento Films Distribution
« Je me suis souvent permis d’introduire des dialogues écrits, un peu enlevés dans mes films. Mais je n’assumais pas totalement leur dimension littéraire. J’essayais toujours de contrebalancer cela avec un ton un peu parlé. Cette fois, j’ai décidé de l’endosser », a-t-il déclaré dans le dossier de presse. Et même si ces dialogues sont émaillés d’une multitude de « putain ! », ils dénotent un sens aigu de l’écriture, sans céder à la facilité du mot d’auteur. Pourtant, les répliques savoureuses ne manquent pas : « Mais c’est normal d’avoir mordu l’oreille de cet homme ! Moi aussi, à votre place, j’aurais envie de mordre, » susurre sans sourciller Yvonne à l’homme qu’elle protège, et qui vient de commettre des actes de violence sur le trottoir. Et si l’idée de commander une bouteille de cognac avec du pain lorsque vous attendez votre accompagnateur.trice au restaurant ne vous a jamais effleuré, peut-être devriez-vous suivre l’exemple de Pio Marmaï... Au crédit de Pierre Salvadori, on portera aussi une cohérence dans la thématique, à savoir les effets dévastateurs du mensonge, qui avaient notamment constitué le ressort de Hors de prix et surtout … Comme elle respire, petit bijou interprété par Marie Trintignant.
- Copyright Memento Films Distribution
Car le mensonge est récurrent dans En liberté ! : le mensonge de Santi envers Yvonne et l’autorité judiciaire, celui du fidèle ami (Damien Bonnard), refusant de déclarer sa flamme à la jeune femme, ou le mensonge d’Antoine à l’égard de son épouse (Audrey Tautou), mise devant le fait accompli du déséquilibre de l’être qu’elle aime, sans oublier les arrangements avec la vérité qu’orchestre Yvonne pour protéger son petit garçon. Pour autant, le film laisse sur sa faim et comporte un certain nombre de gags qui tombent à plat ou dévient vers le mauvais comique de répétition, à l’image de ce serial killer qui revient tous les jours au commissariat pour avouer ses meurtres, dans l’indifférence de policiers trop occupés à d’autres tâches ou pensées. En outre, des chutes de rythme nuisent à l’efficacité du métrage qui aurait gagné à être raccourci d’un quart d’heure. Enfin le casting n’est pas pleinement convaincant : Adèle Haenel que l’on a adoré chez Téchiné ou les Dardenne manifeste ici une raideur qui sied mal à un emploi comique, quand Pio Marmaï force un peu trop le trait dans un rôle qui aurait mieux convenu à Romain Duris ou Melvil Poupaud. En définitive, En liberté ! se laisse regarder mais n’est aucunement la comédie de l’année.
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