Notre avis : Si vous souhaitez vous extirper du cynisme ambiant, alors jetez vous sans attendre sur ce livre qui vous plongera dans les coulisses de l’univers télévisuel des années 70 présentées ici comme idylliques. Avec un style enjoué et léger, celle que Jacques Martin surnomma « La Grande Duduche » et non pas « la Grande Nunuche » (encore que !) revient sur les rencontres d’artistes et d’hommes politiques que son statut de présentatrice de l’émission-phare Midi Magazine, devenue ensuite Midi Première lui a permis de faire. Elle s’extasie de la simplicité du président Valéry Giscard d’Estaing venu jouer de l’accordéon dans une émission farfelue. Elle s’émerveille de la gentillesse à son égard du couple Chirac, alors locataire de la Mairie de Paris. Avec la bonne humeur qui la caractérise, elle relate les nombreux incidents (du car-régie plastiqué en Corse aux hivers rigoureux qui gèlent les câbles autant que les visages sans oublier les artistes qui confondent Châlons-sur-Marne et Chalon-sur-Saône) qui ont émaillé ces tournées au cœur de la France profonde, à une époque où les moyens techniques n’étaient pas ceux d’aujourd’hui et où il fallait faire preuve d’imagination et de débrouillardise pour honorer le sacro-saint rendez-vous de la pause-déjeuner. Un cahier photos situé au centre du livre témoigne de ces moments de gaieté certaine.
Soignant cette image de gentillesse qui a fait sa popularité depuis plus de 40 ans, Danièle Gilbert n’a finalement pas grand-chose à raconter. A force de jouer la carte de la bienveillance à tout prix, elle nous livre un récit édulcoré à 100% allant jusqu’à tronquer des anecdotes dès lors qu’elles risqueraient de tourner au désavantage de la personnalité concernée. Persistant dans son choix de négation de la réalité, elle se refuse catégoriquement à nous donner la moindre explication sur son éviction de TF1 lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et nous prive de son point de vue sur une période d’intenses bouleversements médiatiques dont elle fut certes la victime mais aussi le témoin privilégié. Elle loupe alors une belle occasion d’encadrer ses propos d’une ossature que l’on recherche en vain tout au long de cet ouvrage. Se perdant dans les clichés maintes fois rebattus sur la misère du monde, l’évocation d’ événements plus actuels tels que les attentats, le nombre croissant de personnes sans abri ou même le tragique assassinat du gendarme Beltrame se contente d’une analyse superficielle, bien peu encline à éveiller l’intérêt du lecteur.
Fort heureusement, l’été arrive et avec lui, le goût des lectures faciles et propices à la rêverie. Alors, tous ceux qui souhaitent s’évader à l’ombre d’un pin parasol, au sein d’un univers idéal où « tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil », y trouveront à coup sûr leur bonheur.