La brute et le divin – Léonard Chemineau – la chronique BD

Critique :Ingénieur de formation spécialisé dans le développement durable, Léonard Chemineau porte avec La brute et le divin un projet personnel, réalisé en solo après sa collaboration avec Wilfrid Lupano pour La bibliomule de Cordoue. La brute et le divin s’avère une fable écologique moderne : une jeune femme qui désire retourner à la nature décide de vivre en autarcie, et se rend compte des difficultés provoquées par la solitude. Le récit se scande en deux moments : la vie d’Eva seule sur l’île, puis sa relation avec Alphamet, la société de prospection minière. C’est de la confrontation avec l’équipage de ce navire que naît le thriller, qui connaît plusieurs rebondissements avant un dénouement en feu d’artifice. L’histoire ne vise pas le réalisme, mais pose les questions de notre temps, en modernisant le mythe de la personne seule sur une île déserte, puis en explorant les contradictions propres au développement économique moderne. En effet, la société d’extraction minière prétend agir au nom de la transition écologique : il s’agit de trouver des ressources pour fabriquer des batteries électriques.

Léonard Chemineau / © Rue de Sèvres, Paris, 2023.

Le dessin au trait rehaussé d’aquarelles de Léonard Chemineau s’avère particulièrement séduisant. On est happé par la beauté de l’île et des paysages sous-marins, notamment le corail qui figure sur la couverture. Si la nature est magnifiée dans les planches, elle s’avère également particulièrement dangereuse, et les scènes de tempête sont également très réussies.

Léonard Chemineau / © Rue de Sèvres, Paris, 2023.

Fable écologique moderne construite sous la forme d’un thriller, La brute et le divin séduit tant par son dessin que par son propos. Un bel album.