Le 18 janvier 2018
- Festival : Festival Angoulême 2018
Trois auteurs sont en lice pour le Grand Prix d’Angoulême. Choisis à l’issue d’un premier vote des auteurs, ceux-ci seront départagés à l’issue d’un deuxième tour. Passage en revue de trois figures importantes de la bande dessinée.
Depuis 2016 et la polémique sur l’absence de femmes dans la première sélection opérée par la direction du Festival et par l’académie des auteurs (regroupant les précédents grands prix), tout auteur de bande dessinée publié chez un éditeur francophone peut participer au vote et nommer trois personnalités de son choix, sans pré-sélection.
Ce premier vote a pour objectif de faire émerger trois finalistes mais toujours pas de femmes..., eux-mêmes départagés lors d’un deuxième vote qui désignera le Grand Prix 2018, chargé de présider la prochaine édition, de concevoir l’affiche et il se verra proposer une belle mise en avant lors d’une exposition. C’est avec ce système que le Suisse Cosey a été choisi l’année dernière. On se souvient également que l’année dernière, à l’issue du premier tour, c’est Alan Moore qui était arrivé en tête des votes : ce dernier ayant publiquement exprimé son refus de recevoir un quelconque prix à plusieurs reprise, la direction a choisi de le retirer de la liste des finalistes. Nous ignorons si le festival a été contraint d’effectuer le même type d’opération cette année.
Les trois finalistes sont donc Richard Corben, Emmanuel Guibert et Chris Ware, deux Américains et un Français. Trois auteurs majeurs dont le nom ne dépareillera pas dans le palmarès touffu du festival. L’internationalisation du palmarès se poursuit avec la présence de deux auteurs non-francophones parmi les finalistes. Une excellente nouvelle qui cadre avec la volonté de concevoir un panthéon mondial de la bande dessinée. Le choix d’un Américain s’inscrirait dans une forme de continuité, avec la distinction d’Art Spiegelman en 2011 et de Bill Watterson en 2014. Mais qui sont ces trois auteurs ?
Richard Corben (né en 1940) fait ses gammes dans la bande dessinée underground américaine avec la série Fantagor. Il illustre un grand nombre d’histoire d’horreur et de science-fiction qui paraissent dans Creepy, Eerie ou Vampirella magazines de Warren Publishing. Mais c’est dans Métal Hurlant puis dans son pendant américain Heavy Metal qu’il publie les bandes dessinées qui le rendent célèbres sur les deux rives de l’Atlantique : Den, Vic & Blood, Mondes Mutants . Ces récits ainsi que ses adaptations de nouvelles d’Edgar Allan Poe et de Lovecraft en font l’une des grandes figures contemporaines du fantastique et de la science-fiction. Il a plus récemment signé des arcs narratifs remarqués chez des éditeurs mainstream, notamment Banner chez Marvel (mini-série sur Hulk) ou Hellblazer chez Vertigo. En France signalons les très belles rééditions (mais aussi des publications de titres inédits) publiées chez Delirium. Corben a déjà été primé à Angoulême en tant que meilleur dessinateur étranger en 1976, témoignage de la longévité de sa carrière et d’un talent rapidement reconnu.
- Ragemmor de Richard Corben et Jan Strnad chez Delirium
- Ragemmor de Richard Corben et Jan Strnad chez Delirium
Emmanuel Guibert (né en 1964) s’inscrit dans la veine de la bande dessinée réaliste. Sa première œuvre, Brune (1992) retrace la montée du nazisme. La Guerre d’Alan, formidable récit conçu à partir des souvenirs d’Alan Cope, simple soldat de la Deuxième Guerre Mondiale engagé en France, après avoir effectué plusieurs centaines d’heures d’enregistrement. Le succès critique et commercial de ce récit a incité Guibert à poursuivre dans l’exhumation de la vie de celui qui est devenu son ami, avec L’Enfance d’Alan et Martha & Alan. Guibert démontre toute sa capacité d’innovation dans Le Photographe, bande dessinée de reportage. Le récit retrace le parcours de Médecins sans Frontières entre Pakistan et Afghanistan en mêlant avec justesse dessins et photographies prises sur le terrain. Ses bandes dessinées destinées à la jeunesse, en particulier Ariol, sont aussi tout à fait remarquables.
- La Guerre d’Alan de Emmanuel Guibert chez L’Association
Chris Ware (né en 1967), déjà parmi les finalistes de l’an passé, est l’un des auteurs contemporains les plus encensés par la critique depuis quelques années. Il commence sa carrière dans le magazine RAW. Ses livres font l’objet d’un très grand soin formel et s’avère particulièrement innovant dans le découpage de ses bandes dessinées. Son travail est marqué par la densité psychologique de ses personnages et la construction d’une grande finesse de ses histoires, à l’instar de Jimmy Corrigan, unanimement salué et multi-récompensé. Celles-ci sont marquées par la mélancolie et la tristesse, mettant en scène des personnages qui subissent le monde qui les entoure.
- Building Stories de Chris Ware chez Delcourt
- Building Stories de Chris Ware chez Delcourt
Le deuxième tour se déroulera du 17 au 21 janvier, et le nom du Grand Prix sera annoncé le mercredi 24 janvier, soit la veille de l’ouverture de la manifestation.
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