Le 12 mai 2024
- Réalisateur : Roger Corman
- Editeur : Capricci
- Genre : Cinéma
- Voir le dossier : Nécrologie
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Roger Corman nous a quittés le 9 mai 2024 à l’âge de 98 ans. Il restera dans l’histoire du cinéma comme l’un des maîtres de la série B de genre avec des petits bijoux tels que La chambre des tortures (1961) et Le masque de la mort rouge (1964). En hommage, notre rédaction publie la chronique de ce livre que nous avions mise en ligne lors de sa sortie en France, en 2018.
Résumé : Comment faire un film pour quelques centaines de milliers de dollars, boucler un tournage en moins de dix jours, garder un contrôle total sur la production, ne jamais perdre d’argent ? Le roi de la série B Roger Corman donne les clés du succès dans cette autobiographie inédite en français.
Corman raconte sa vie, l’incroyable saga d’un débrouillard obsédé par le cinéma et par l’argent, réalisateur prolifique de films bouts-de-ficelle.
Critique Parue en 1991, cette autobiographie écrite avec Jim Jerome constitue l’un des récits les plus insensés qui se puisse publier sur le cinéma. Tout y est fou, entre anecdotes et liste impressionnante de films, parce que Roger Corman est un fou. Fou de cinéma, fou d’économies : il traque le moindre dollar sur les tournages, réutilise des décors existants, triche avec les autorités et les autorisations. Tout cela pour une filmographie pléthorique, qui aborde à peu près tous les genres avec pour seule constante la rapidité d’exécution (deux jours pour La petite boutiques des horreurs !). Faire le plus de métrages à moindres frais, voilà l’obsession qui guide sa carrière et ces 400 pages.
Son système mis en place, Corman a tendance à égrener les tournages et le livre tourne parfois à l’inventaire ; qu’on ne s’attende pas à un traité de mise en scène : s’il définit son style, il s’attarde surtout à noter les coûts et les gains avec une méticulosité remarquable. C’est que le bouquin ressemble à ses films : « pas de bla-bla », comme il le dit lui-même en déchirant les dix premières pages des scénarios. Pas donc de description, d’état d’âme, très peu de sa vie privée (quelques lignes sur sa femme, une ou deux sur ses enfants et, dans les dernières pages, une faible introspection mélancolique). Car cet homme « avait un ordinateur à la place du cerveau ». Inflexible, sans émotion dès que le tournage est en jeu, il dresse, peut-être malgré lui, un autoportrait qui n’a rien de rutilant, malgré des traces d’autosatisfaction. On le voit continuer le tournage malgré un grave accident de voiture, exploiter les acteurs, traficoter dès son plus jeune âge. Et pourtant, malgré tout, cet entêtement finit par le rendre sympathique tant l’obsession cinématographique se lit à chaque page. Et puis n’oublions pas qu’il a donné leur chance à Jack Nicholson, Coppola, Monte Hellman, Scorsese et beaucoup d’autres, qu’il a fait connaître aux Américains Bergman, Fellini et Kurosawa. Non par altruisme, mais toujours dans la recherche du meilleur produit (au meilleur prix, évidemment). Sa seconde vie de producteur est un peu moins passionnante, à coup sûr moins drôle, mais constitue un document de première main irremplaçable sur ce qu’est devenu le métier.
Le livre se lit facilement, plutôt comme un reportage que comme une œuvre littéraire, mais certaines anecdotes sont hilarantes et les commentaires de ses collaborateurs, pas toujours flatteurs, aident à percer le secret d’un enragé « qui n’aime pas perdre ».
Broché : 416 pages
Éditeur : Capricci ; Diffusion : Hamonia Mundi (21 juin 2018)
Dimension : 122x190mm
– Date de Parution : le 21 juillet 2018
Galerie photos
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