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Le 19 octobre 2015
Figure mythique et fondatrice du cinéma fantastique et d’horreur, le Frankenstein d’Universal inaugure avec classe la collection Cinéma Monster Club qui nous propose ici de redécouvrir quelques grands classiques horrifiques qui font suite aux deux chefs-d’œuvre réalisés par James Whale.
- Réalisateurs : Roy William Neill - Rowland V. Lee - Erle C. Kenton - Charles Barton
- Acteurs : Boris Karloff, Béla Lugosi, Basil Rathbone, Lon Chaney Jr, Abbott et Costello
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Comédie horrifique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 10h
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– Sortie DVD & blu-ray : le 21 octobre 2015
Figure mythique et fondatrice du cinéma fantastique et d’horreur, le Frankenstein d’Universal inaugure avec classe la collection Cinéma Monster Club qui nous propose ici de redécouvrir quelques grands classiques horrifiques qui font suite aux deux chefs-d’œuvre réalisés par James Whale.
L’argument : Après Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein, ces cinq films continuent les mésaventures morbides de la créature de Mary Shelley, qui croisera sur son chemin le comte Dracula, le Loup-Garou, Abbot et Costello et bien d’autres !
- © Universal Pictures / Elephant Films
Le Fils de Frankenstein (1939) réalisé par Rowland V. Lee
Troisième opus de la série des Frankenstein d’Universal, Le Fils de Frankenstein, s’il n’a pas été oublié, n’est clairement pas aussi célébré que les deux opus précédents signés par le grand James Whale. Difficile en effet de passer après la vision baroque de Whale dont le destin tragique fut superbement capturé par Bill Condon et Ian McKellen dans l’excellent Ni Dieux ni Démons. Pourtant, cette suite, qui marque la dernière apparence de Boris Karloff sous les traits de la créature, ne démérite pas et se révèle être parfaitement à la hauteur de son héritage. Réalisé par le talentueux Rowland V. Lee (Capitaine Kidd), aidé par George Robinson à la photographie (qui a travaillé sur plusieurs dizaines de films d’horreur Universal), Le Fils de Frankenstein se révèle être un petit bijou de noirceur, délaissant la grandiloquance inimitable de Whale au profit d’une imagerie directement inspirée de l’expressionnisme allemand via un château à l’architecture impossible et des jeux d’ombres superbes. Une grande réussite esthétique embellie par un trio d’acteurs légendaires : Karloff bien sûr, le distingué Basil Rathbone (qui campera Sherlock Holmes pour la première fois la même année) et Bela Lugosi, dont la performance en Ygor est l’une des meilleures de sa carrière, peut-être plus marquante encore que son Dracula. Si le film accuse de quelques longueurs dans sa deuxième partie (les films de Whale étaient plus concis), Le Fils de Frankenstein se révèle néanmoins être une réussite incontestable, quelque peu redondante sur le plan scénaristique mais truffée d’idées visuelles absolument délectables. Une perle noire.
Le Spectre de Frankenstein (1942) réalisé par Erle C. Kenton
Quatrième opus de la série, Le Spectre de Frankenstein commence à démontrer une perte de souffle évidente de la formule habituelle qui est recyclée ici sans grande imagination. Le film reprend même le point de départ exact de l’épisode précédent. Nous apprenons donc que le docteur Frankenstein avait un deuxième fils qui étrangement n’avait jamais été mentionné jusqu’à présent. Déception scénaristique et également visuelle car les ambitions budgétaires d’Universal ont été clairement revues à la baisse. Les décors grandiloquents du passé sont oubliés et sont remplacés par un château sorti tout droit d’un sérial des années 30. La créature ne bénéficie plus des traits du grand Karloff qui est remplacé par un Lon Chaney Jr qui bénéficie d’un maquillage douteux. Si Chaney Jr n’a pas eu une carrière aussi illustre que son père (le fameux Lon Chaney dont la performance dans L’inconnu de Tod Browning reste légendaire), il avait néanmoins fait ses preuves dans Le Loup-Garou (1941). Ici, il n’a pas grand chose à faire et Ygor / Bela Lugosi est la vraie star du show. Le réalisateur Erle C. Kenton emballe une copie propre et globalement maîtrisée mais qui manque clairement du génie et de la passion de ses prédécesseurs. Il se rachètera néanmoins avec La Maison de Frankenstein. Une suite de trop, clairement.
Frankenstein rencontre le Loup-Garou (1943) réalisé par Roy William Neill
Après la déception du dernier film qui était l’opus de trop, Frankenstein continue sa descente dans la série B mais cette fois-ci le résultat est plus que plaisant. Plutôt que de répéter une fois de plus une formule désormais trop familière, Universal décide de changer la donne et de nous proposer un des premiers Monster Mash. Bien avant les univers partagés à la Marvel qui font rage de nos jours, les monstres Universal se rencontraient déjà il y a plus d’un demi-siècle. Le scénario ingénieux du spécialiste Curt Siodmak fait s’affronter cette fois le monstre de Frankenstein et le Loup-Garou. L’occasion d’assister à un joli jeu de chaise musicale au niveau des acteurs. En effet, Lon Chaney Jr, qui incarnait la créature dans le film précédent, reprend les traits du Loup-Garou qu’il avait très bien interprété en 1941, tandis que Bela Lugosi, qui était jusqu’à présent Ygor, devient un Frankenstein plutôt réussi bien qu’un peu trop pataud. Le casting est également l’occasion d’apprécier la très distinguée Ilona Massey et la vétérante Maria Ouspenskaya. La série opère un retour vers des jeux d’ombres élaborés et les vieux cimetières gothiques. Roy William Neill (qui réalisera de nombreux Sherlock Holmes avec Basil Rathbone) propose une mise-en-scène classique mais racée et le film présente de très jolies maquettes ainsi qu’un affrontement final assez spectaculaire entre les deux monstres bien que particulièrement bref. Seul bémol : Frankenstein fait de la figuration dans son propre film qui se révèle avant tout être une suite directe des mésaventures du Loup-Garou qui occupe 90% du long-métrage. Une tendance qui ne fera que s’accentuer par la suite. On ne s’en plaindra pas trop car Lon Chaney Jr est réellement touchant dans son rôle de héros maudit mais on aurait aimé voir un peu plus de notre ami Frankenstein. Une sympathique série B qui conserve tout son charme.
La Maison de Frankenstein (1944) réalisé par Erle C. Kenton
Si l’opus précédent voyait s’affronter deux stars de l’horreur, La Maison de Frankenstein pousse le concept dans ses derniers retranchements : la créature de Frankenstein, le Loup-Garou, le Bossu, un savant fou incarné par Boris Karloff et Dracula en personne ! Le film se révèle être un petit joyau de série B qui déborde de charme même si ses promesses de Monster Mash ne sont pas toujours tenues. Dracula apparaît brièvement au milieu du film et est évacué avec une rapidité impressionnante. Dommage, car l’interprétation magnétique de John Carradine est l’une des meilleures de la longue histoire du vampire comme le souligne Jean-Pierre Dionnet dans son introduction. Quant au monstre star du titre, campé cette fois-ci par Glenn Strange, il ne se réveille qu’au bout d’un heure et n’est actif que pour une poignée de minutes. Décevant... Mais si le titre est un peu mensonger, le film de Erle C. Kenton reste néanmoins un crossover profondément jouissif, notamment grâce aux figures tragiques du Loup-Garou et du Bossu, superbement campé par J. Carrol Naish. Les cascades et effets spéciaux démontrent de plus en plus le glissement de la série vers les micro-budgets (comme le prouve la transformation de Dracula), mais cela fait plus sourire qu’autre chose. La Maison de Frankenstein est donc une série B débridée avec un vrai sens du fun que son petit budget ne parvient jamais à étouffer. Un bon divertissement pour les amateurs de monstres Universal.
Deux nigauds contre Frankenstein (1948) réalisé par Charles Barton
Une fois de plus, la créature de Frankenstein (Glenn Strange) continue de se faire voler la vedette dans son propre film. Ici, à Dracula (Bela Lugosi est de retour derrière la cape pour un résultat inégal) et au Loup-Garou (toujours campé par Lon Chaney Jr.), s’ajoute le duo comique Abbott et Costello. Ces deux comédiens célébrissimes aux États-Unis et qui s’apparentent à une version plus bavarde de Laurel et Hardy n’ont jamais connu un succès équivalent à ces derniers en France. Et s’il est indéniable que leur humour a néanmoins de nombreux amateurs dans l’hexagone, leur niveau de pitreries est loin d’égaler les sommets des plus grands comédiens des années 40. Ayant signé un contrat à Universal qui les verra à l’affiche de nombreux succès financiers, la vénérable compagnie décide de leur faire rencontrer leurs monstres sacrés dans Deux nigauds contre Frankenstein qui sera suivi par Deux nigauds contre l’homme invisible en 1951. Le plus grand péché du film de Charles Barton (un habitué du duo), est son sens du rythme qui éternise des gags amusants mais qui perdent de leur charme à force d’être répétés. Techniquement, le long-métrage est plus comédie que film d’horreur et peu de soin est apporté aux maquillages des créatures et à leurs transformations qui sont de qualité série Z. Abbot et Costello provoquent néanmoins quelques rires et alignent de bonnes répliques qui ne sont pas sans évoquer parfois les grands Marx Brothers. Un épilogue un peu triste pour notre monstre préféré mais qui devrait néanmoins satisfaire les amateurs de l’humour d’Abbot et Costello.
LE TEST DVD ET BLU-RAY
Les cinq films sont vendus individuellement dans de très belles éditions qui proposent d’excellentes introductions du précieux Jean-Pierre Dionnet. Si les suppléments sont peu nombreux, ils sont néanmoins de qualité et l’âge des films proposés ainsi que le prix (entre 15 et 20€) justifient pleinement la démarche. Le Fils de Frankenstein, Frankenstein rencontre le Loup-Garou et Deux nigauds contre Frankenstein sont disponibles en édition DVD simple ainsi qu’en combo blu-ray et DVD. Le Spectre de Frankenstein et La Maison de Frankenstein ne sont malheureusement disponibles qu’en DVD.
Les suppléments :
Chaque film dispose d’une galerie photo assez fournie qui propose entre autres les superbes affiches de l’époque. À cela s’ajoutent les bande-annonces, une vidéo sur « Le mythe de Frankenstein » de 12 mn et surtout des introductions d’une dizaine de minutes chacune présentées par Jean-Pierre Dionnet. Le journaliste revient avec passion et érudition sur l’histoire de chaque film, sa production, les acteurs, le contexte historique, etc. Évidemment, on aurait aimé pouvoir se régaler de making-ofs et commentaires audio similaires à ceux présentés sur les DVDs de la collection Classic Monsters, qui proposaient moult suppléments pour les opus de James Whale, mais on ne boudera pas notre plaisir étant donné le prix et la qualité des interventions de Dionnet. Chaque film propose également un livret très intéressant de dix pages écrit par Damien Aubel de la revue Tranfuge.
L’image :
Tous les films ne sont pas logés à la même enseigne au niveau des copies proposées. Chaque opus dispose de quelques griffures et transitions floues (surtout Le Fils de Frankenstein dans ce dernier cas) mais le travail de remasterisation est néanmoins bien exécuté. Malheureusement, Frankenstein rencontre le Loup-Garou est clairement en dessous des autres et propose une copie assez abîmée avec des griffures et tâches assez présentes. Le film reste parfaitement regardable et est en meilleur état que bien d’autres films de la même époque disponibles en DVD mais le résultat est décevant comparé aux autres opus de la série.
Enfin, au-delà de la qualité des copies, les transferts et l’encodage sont globalement de bonne qualité et chaque film dispose d’un grain et d’un piqué de l’image très satisfaisant, que ce soit sur blu-ray en Full HD ou en DVD.
Le son :
Chaque blu-ray propose des pistes VO et VF en DTS Master Audio HD Dual Mono tandis que les DVDs optent pour le Dolby Digital Dual Mono. Le résultat est toujours satisfaisant même si quelques dialogues sont parfois étouffés lorsque les cris commencent à retentir. Les bandes sonores orchestrales sont très bien restituées et les doublages VF sont globalement assez soignés. À noter que seul Deux Nigauds contre Frankenstein ne propose pas de version française.
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