Coffret James Ivory
Roseland, Les Européens, Jane Austen in Manhattan

Troisième coffret MK2 pour James Ivory. Trois films situés aux Etats-Unis, satires sociales rares mais assez inégales.

L’argument : Roseland : A travers trois histoires ("The Waltz", "The Hustle", "The Peabody"), la vie de Roseland, le dancing le plus ancien et le plus renommé de New York et de ceux qui l’ont animé depuis quatre-vingts ans.
Les Européens : Eugenia, baronne Münster, et son frère Félix quittent l’Europe pour tenter leur chance en Nouvelle-Angleterre chez leurs riches cousins et puritains Wentworth. Mais leur arrivée va troubler le calme de cette famille austère...
Jane Austen in Manhattan : Deux troupes de théâtre rivales essaient de monter une pièce de Jane Austen, découverte il y a peu de temps, et dont le manuscrit a été acquis par un riche amateur lors d’une vente aux enchères.

Notre avis : Et de trois coffrets James Ivory pour MK2. Après les adaptations d’E.M. Forster et les films tournés en Inde, l’éditeur propose un coffret qu’on pourrait qualifier d’ "américain", puisque dans chacune des trois œuvres proposées, l’action se déroule aux Etats-Unis, terre natale (quoique bien souvent désertée) d’Ivory. Le grand mérite de cette initiative tient dans le fait qu’il permet l’accès à des films devenus plus que rares car quasiment jamais diffusés. Ils ne comptent cependant pas parmi les plus grandes réussites de leurs auteurs (Ivory étant accompagnés de ses complices habituels, Ismail Merchant à la production et Ruth Prawer Jhabvala à l’écriture).
Roseland et Jane Austen in Manhattan ont en commun leur caractère contemporain et de se dérouler à New York. Le premier évoque à travers trois récits successifs l’histoire du dancing le plus ancien de la ville. Charme suranné et satire sociale sont au rendez-vous de ce film plaisant, bien interprété (notons la présence toujours remarquable de Christopher Walken et Geraldine Chaplin), mais qui ne soulève pas l’enthousiasme. Même sentiment pour le second, au titre pourtant plus que prometteur. Prenant pour sujet la lutte farouche que se livrent deux compagnies théâtrales aux conceptions différentes, à propos de l’adaptation d’une pièce de Jane Austen récemment retrouvée (elle-même adaptation incomplète d’un roman de l’un de plus grands inspirateurs de la miss, Samuel Richardson. Vous suivez ?). Débat qui ne manque ni de sel ni d’ironie ni même d’originalité, mais qui peine quelque peu à décoller.
Plus convaincante est l’adaptation des Européens, d’après Henry James. Récit court, plein d’humour, de sensibilité, plaisant bien qu’encore quelque peu empesé et, probablement, manquant de moyens. On y sent cependant frémir ce qui s’épanouira pleinement quelques années plus tard, à travers la belle réussite de Chambre avec vue : le talent pour dépeindre des héroïnes prisonnières d’une société prête à les laisser gentiment faner sous cloche, car mal mariées, et tiraillées entre tradition et modernité. Mise en scène classique et élégante, dialogues tirés au cordeau : le charme opère sans mal.

LE DVD

Les suppléments

Pas grand-chose à se mettre sous la dent, à moins de considérer, comme semble le faire l’éditeur, qu’une pléiade de bandes-annonces destinées à promouvoir sa collection constitue des suppléments dignes de ce nom... Seul un entretien avec les auteurs à propos des Européens mérite de retenir quelque peu notre attention.

Image & son

Excellent son pour cette édition. L’image est de moindre qualité : un peu trop de grain pour être totalement confortable.