Human touch
Le 15 avril 2006
Splendide réédition DVD de trois adaptations littéraires d’un écrivain cinglant, E.M. Forster, par le plus esthète des cinéastes américains : James Ivory.
- Réalisateur : James Ivory
- Acteurs : Anthony Hopkins, Hugh Grant, Vanessa Redgrave , Daniel Day-Lewis, Emma Thompson, Denholm Elliott, Helena Bonham Carter, Judi Dench, Maggie Smith, Julian Sands, James Wilby, Rosemary Leach
- Genre : Drame
- Editeur vidéo : MK2 Video
L'a vu
Veut le voir
– Chambre avec vue (A room with a view), 1h56mn, 1986
– Maurice, 2h20mn, 1987
– Retour à Howards End (Howards End), 2h22mn, 1991
Splendide réédition DVD de trois adaptations littéraires d’un écrivain cinglant, E.M. Forster, par le plus esthète des cinéastes américains : James Ivory.
Les arguments : Une jeune fille anglaise de bonne famille essaie tant bien que mal de vivre pleinement avec son grand amour sous les regards puritains de la famille (Chambre avec vue) ; amour impossible entre deux hommes dans l’Angleterre homophobe du XIXe siècles (Maurice) ; relations cruelles entre une arrogante famille londonienne et deux sœurs libres-penseuses (Retour à Howards End)
Notre avis : L’œuvre de James Ivory n’aurait jamais vu le jour sans l’apport essentiel de son fidèle producteur, Ismail Merchant, rencontré dans les années 60, et de sa scénariste dévouée, Ruth Prawer Jhabvala. A eux trois, ils ont marqué le cinéma de leur empreinte délicate et de leur capacité à puiser intelligemment dans des romans du XIXe siècles afin d’étudier les maux de notre société : l’intolérance dans Maurice, la lutte des classes dans Retour à Howards End et le puritanisme des mentalités dans Chambre avec vue. Ces films, tous adaptés de romans de E.M. Forster, font partie de la période la plus prolifique du trio anglo-américain.
Formidable étude de la nature humaine dans l’Angleterre d’Edward VII, les romans de Forster sont le reflet d’une des périodes les plus pathétiques que la Grande-Bretagne ait connu. Selon l’écrivain lui-même, "l’Angleterre a toujours été fort peu encline à accepter la nature humaine". Fort de ce postulat littéraire, Ivory va réaliser trois œuvres qui lui permettront de filmer les aspects inattendus de la société britannique de cette période. Dans Chambre avec vue, véritable retour à la nature, l’auteur américain enveloppe ses comédiens dans une ambiance charnelle et diabolique à la fois. Véritable comédie de l’innocence, cette première adaptation se veut rayonnante, lumineuse et extravertie.
Dans Maurice, les personnages sont démunis de la moindre force de vivre. Bien au contraire, ils sont constamment déboussolés par leur nature humaine qu’ils essaient de combattre tant bien que mal. Appuyée par une lumière sombre et un jeu d’acteur sobre, la mise en scène d’Ivory se veut plus classique afin de mieux cerner les nombreuses pistes du sujet filmé. Retour à Howards End, dernier opus de cette trilogie, est un condensé des deux premiers. Entre théâtralité des sentiments (abondantes scènes de chambre) et envolées lyriques, ce film souffre malheureusement de la multiplicité des sujets filmés. Ivory se perd dans les méandres du cœur amoureux et finit par lasser le spectateur.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : L’ensemble est malheureusement inégal. Des trois rééditions, seul les bonus du DVD Retour à Howards End valent le détour : rencontre passionnante entre la costumière et la décoratrice, analyse de l’atmosphère du film et conversation savoureuse entre le paisible Ivory et le frénétique Merchant. Un autre entretien, que l’on peut retrouver sur Chambre avec vue, nous présente une facette méconnue de l’acteur Daniel Day-Lewis, s’attardant sur son personnage qu’il décrit comme étant "un esthète coincé qui ne peut parler sans que le vide se fasse autour de lui". So british !
Image & son : Un véritable plaisir ! Le travail effectué sur les trois rééditions est tout simplement exemplaire. Au niveau des recherches visuelles, on ne décèle aucun grain particulier ni d’artefact. La définition, le rendu des couleurs et la luminosité sont édifiants et rendent parfaitement justice au travail du réalisateur et de son équipe. L’extase provient particulièrement de la partition musicale (l’ouverture de Retour à Howards End est somptueuse) servie par un 5.1 indispensable.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.