Le 21 juillet 2021
Carlotta a la bonne idée de ressortir en version restaurée 4K cette fascinante et cruelle étude de mœurs.
- Réalisateur : James Ivory
- Acteurs : Anthony Hopkins, Vanessa Redgrave , Emma Thompson, Helena Bonham Carter, James Wilby, Samuel West
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Britannique, Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 2h22mn
- Date télé : 18 mai 2023 21:05
- Chaîne : France 4
- Reprise: 26 décembre 2018
- Box-office : 706 346 entrées France / 345 944 P.P.
- Titre original : Howards End
- Date de sortie : 13 mai 1992
- Festival : Festival de Cannes 1992
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Résumé : Dans l’Angleterre édouardienne du début du XXe siècle, Margaret et Helen Schlegel, deux sœurs issues de la bourgeoisie intellectuelle londonienne, vont se lier à la famille Wilcox, de riches industriels conservateurs. C’est suite à la liaison sans lendemain entre Helen et l’un des fils Wilcox que Margaret fait la connaissance de Mme Wilcox. Les deux femmes deviennent amies, malgré leurs différences. Juste avant de mourir, cette dernière décide de léguer à Margaret sa demeure de Howards End, à laquelle elle est très attachée. Heureusement pour les Wilcox, le document n’est pas officiel et la dernière volonté de la défunte ne sera pas respectée. Mais lorsque Henry Wilcox, le patriarche, fait enfin la connaissance de Margaret, il tombe sous son charme…
Cririque : Howards End est le nom d’une propriété, pivot du film, maison peu habitée dans l’histoire, et pourtant enjeu souterrain et puissant. Et ce n’est évidemment pas un hasard s’il figure dans le titre : c’est la maison d’enfance de Ruth Wilcox, femme malade qui se lie avec Margaret Schlegel, au point de vouloir la lui léguer. La famille se met d’accord pour ignorer ce testament sans valeur. Mais nous suivons également les deux sœurs Schlegel, unies dans une vie d’intellectuels progressistes, à qui se mêle un banquier pauvre, Leonard Bast, rencontré à une conférence musicale. Dans cette première partie, l’art tient une place majeure, puisque le film s’ouvre sur un tableau, se poursuit avec Beethoven et des lectures partagées, unissant des êtres de conditions différentes. S’il s’efface dans la seconde partie, il reste à l’état de traces (les livres qu’Helen veut récupérer), alors que la vie se charge d’éloigner les protagonistes de ces préoccupations. Seul Leonard, pauvre et exclu d’une évolution qui modifie les autres, reste prisonnier d’un texte poétique qu’il croit pouvoir revivre à plusieurs reprises.
- Copyright Merchant Ivory Productions
Dès le début, le film se fonde sur des hasards et coïncidences qui déclenchent le récit : une lettre partie trop tôt, un télégramme arrivé trop tard, une carte de visite qui resurgit, un parapluie emporté par mégarde, autant de petits faits qui, isolément, sont anodins, mais qui, en s’enchaînant, modifient pour le meilleur (Margaret) et le pire (Leonard) le destin des personnages. À quoi tient la vie, semble se demander Forster, dont le roman est ici superbement adapté, sinon à une fatalité aveugle dont le dessein ironique nous échappe ? Les héros ne cessent de se confronter à des surgissements inattendus, tels que cette rencontre fortuite entre M. Wilcox et son ancienne amante ou l’arrivée inopinée de Leonard à Howards End, qui les broient ou les torturent. Difficile d’échapper, malgré l’exquise délicatesse de ces Anglais raffinés, au sentiment d’une inéluctable cruauté : cruauté psychologique, cruauté du destin, mais aussi cruauté sociale, puisque le film montre un pays où l’inégalité semble immuable ; comme le dit M. Wilcox, « un pauvre est un pauvre ». Les sœurs ont beau se démener pour le sauver, elles ne font qu’aggraver sa misère et le conduire à une mort brutale.
- Copyright Merchant Ivory Productions
Pour filmer l’agitation de ce petit monde, James Ivory, qui adaptait pour la troisième fois Forster, adopte une élégance opulente, aussi bien dans la reconstitution soignée que dans des travellings très fluides ou un montage soyeux ; rien de brusque ici, à l’image de cette société de bon goût, qui dissimule sous de beaux apparats une raideur impitoyable. Et pourtant le cinéaste enregistre un déclin : M. Wilcox finit par fondre en larmes, son fils est condamné malgré son rang, et Howards End appartiendra un jour à un bâtard sans père. Tout se termine sur cette note mêlant espoir et mélancolie, cette mélancolie sourde qui irrigue le métrage dès les premières minutes.
- Copyright Merchant Ivory Productions
Certes, tout n’est pas parfait dans le film : la seconde partie est un peu trop longue, un peu caricaturale, et quelques coquetteries l’alourdissent. Mais le charme certain qu’il exerce ne repose pas seulement sur des acteurs d’exception (Anthony Hopkins, Helena Bonham Carter et Emma Thompson sont à leur meilleur) : Ivory fait de cette intrigue complexe une œuvre lumineuse et fluide dont le rythme harmonieux repose sur un classicisme solide.
– Oscar 1993 : Oscar de la meilleure actrice pour Emma Thompson, de la meilleure adaptation pour Ruth Prawer Jhabvala, et de meilleurs décors pour Luciana Arrighi et Ian Whittaker
– Golden Globe de la meilleure actrice pour Emma Thompson
– BAFTA du meilleur film 1992
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