Le 11 avril 2015
Sturges signe un western fatigué, inégal, qui vaut par son jeu avec les conventions du genre.
- Réalisateur : John Sturges
- Acteurs : Charles Bronson, Jill Ireland
- Genre : Western
- Nationalité : Américain, Espagnol, Italien
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h38mn
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– Sortie DVD : le 26 mars 2015
Sturges signe un western fatigué, inégal, qui vaut par son jeu avec les conventions du genre.
L’argument : De sang-mêlé, Chino Valdez vit en solitaire, avec pour seule compagnie les mustangs qu’il élève. Deux rencontres viennent bouleverser son existence : Jamie, un adolescent fugueur qu’il recueille, et Catherine, une séduisante jeune femme dont il ignore qu’elle est la soeur de Maral, le plus gros propriétaire terrien de la région. Pas question pour ce dernier d’accepter cette relation. Afin de faire passer à Chino l’envie de revoir Catherine, il le fouette presque à mort. Soigné par les Indiens, l’éleveur de chevaux se remet de ses blessures. Son poulain favori abattu, il entreprend de faire payer à Maral le prix de sa violence...
Notre avis : Dans les bonus, Patrick Brion dit son peu de goût pour le film, le justifiant en partie par les faiblesses du scénario et le désintérêt de John Sturges, son principal réalisateur. Sans doute juge-t-il avec son savoir encyclopédique et sa prédilection pour le cinéma classique. Il est permis d’être moins sévère avec ce western curieux, certes inégal, maladroit, mais attachant.
Chino court plusieurs lièvres à la fois, et c’est son défaut majeur ; car tout n’est pas traité, et certaines pistes, à peine esquissées, sont des traces non développées du roman d’origine. La romance de Chino et Catherine, soit Bronson et Ireland, époux à la ville, est banale et sans consistance ; malgré l’étonnante séquence dans laquelle ils voient des chevaux copuler, les minauderies de la dame et leurs jeux amoureux voisinent le second degré.
Autre piste qui reste à l’état d’ébauche, le récit initiatique : le jeune Jamie, qui rencontre Chino au début du film, le quitte à la fin, après avoir découvert la violence, l’injustice et l’amour. De lui on ne sait rien, il est le témoin qui nous permet d’entrer dans ce monde singulier, il n’a pas de vie avant, pas de vie après. Là encore ce sujet aurait pu devenir un vrai thème, au moins un point de vue.
Reste que Chino n’est pas sans intérêt ; d’abord par son côté hybride même : venant après le western spaghetti, il en conserve des traits (violence sèche, traces de complaisance, refus du propre et de l’aseptisé), mais conserve des aspects classiques, et notamment la mise en scène exempte d’afféteries. C’est aussi un western d’après, c’est à dire qu’il a perdu son innocence et son manichéisme ; les Indiens sont pacifiques et en voie d’extinction, le racisme touche les métis, et les bons ne gagnent pas à la fin. D’ailleurs la prédominance des ciels sombres, de la terre noire, sont des indices de cette métamorphose du genre, qui devient sale et en quelque sorte « adulte ».
Mais ce qui frappe surtout à la vision de Chino, surtout si l’on a vu la bande-annonce et lu la jaquette du DVD, c’est à quel point l’enjeu narratif est faible et tardif. La vengeance présentée comme le thème du film est abordée après une heure, et somme toute expédiée. Et c’est là que le film nous intéresse, dans ces flottements scénaristiques : on sent le plaisir de Sturges, qui ne savait sans doute pas quoi faire de cette histoire, à suivre des chevaux ou le quotidien d’un éleveur. Nombre de séquences sont inutiles d’un point de vue narratif, et l’on perçoit l’écho du cinéma moderne dans ces scènes contemplatives, qui peuvent être vues comme un regard nostalgique sur le western devenu impossible. C’est aussi l’adieu d’un cinéaste en fin de carrière à un cinéma finissant, qui ne croit plus au système comme Chino ne croit pas en la justice. En ce sens, le départ amer du personnage à la fin sonne le glas d’un genre et d’une époque.
LE DVD
Les suppléments :
Outre un spot TV et une bande-annonce en mauvais état, le DVD propose trois bonus intéressants. Le regard de Patrick Brion, particulièrement sévère avec le film, s’attarde sur les conditions du tournage (9 minutes). Yves Boisset note le manque de lyrisme et la faiblesse du scénario, mais analyse des aspects plus positifs (11 minutes 30). Enfin Christophe Champclaux, dans Les Westerns de Charles Bronson, revient rapidement (14 minutes), chronologiquement et subjectivement sur la carrière de l’acteur.
L’image :
Malgré quelques fourmillements dans les extérieurs, l’image est bien restaurée et restitue aussi bien la chaleur intérieure que les décors froids et arides.
Le son :
Deux pistes Dolby Digital 2.0, nettoyées et sans souffle. La VO est préférable, malgré des passages dans lesquels les voix comme la musique sont éraillées.
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