L’univers implacable d’un chasseur de têtes : Laurence Boulouque sait de quoi elle parle...

Avant de devenir un écrivain prometteur, Clémence Boulouque a exercé le métier de chasseur de têtes. Si cette profession peut sembler mystérieuse - et donc excitante - dès lors que l’on ne fait pas partie des potentiels "proies", Chasse à courre se charge de remettre les pendules à l’heure. Il n’y a rien d’anodin dans l’emploi du terme "chasseur" qui désigne ces recruteurs de cadres dirigeants de haut vol... Derrière le rideau du fric chic, c’est une véritable jungle cruelle où seuls les plus forts survivent, ceux qui savent avancer sans regarder derrière eux s’ils ont écrasé quelqu’un au passage.
Et dans son genre, Frédéric Marquez est un lion particulièrement féroce. La trentaine, brillant, une ascension fulgurante avec un crochet par les Etats-Unis, promis à une grande carrière, branché... Ça c’est pour le côté pile. Côté face, il est vaniteux, snob et multiplie les conquêtes faisant preuve d’autant de sensibilité envers les femmes qu’envers les candidats qu’il éjecte. Apparemment, il est l’archétype d’un milieu très violent à sa manière et dont le cynisme souligne impeccablement un univers déshumanisé et hypocrite.
Pas de doute, Clémence Boulouque sait de quoi elle parle. Elle parvient à rendre avec une grande habilité les faiblesses de son personnage, grâce à un sens inné de la formule. L’exposition d’une société carnassière est d’une grande lucidité. Pourtant, la lecture de Chasse à courre laisse une impression de déjà-vu. Impossible de ne pas penser à Breat Easton Ellis ou à Frédéric Begbeider. Mais il manque peut-être un peu de méchanceté à Clémence Boulouque, à moins que ce ne soit un truc en plus. L’espoir ? Ou la foi en la nature humaine peut-être ?