Choc frontal
Le 1er février 2011
Cette plongée souvent éprouvante dans l’univers des urgences et de la criminalité organisée est aussi une histoire d’amour entre deux personnages en quête d’une planche de salut.
- Réalisateur : Pablo Trapero
- Acteurs : Ricardo Darín, Martina Gusman, Carlos Weber, Jose Luis Arias, Loren Acuña
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Argentin
- Date de sortie : 2 février 2011
- Plus d'informations : http://www.advitamdistribution.com/...
- Festival : Festival de Cannes 2010
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– Durée : 1h47mn
Cette plongée souvent éprouvante dans l’univers des urgences et de la criminalité organisée est aussi une histoire d’amour entre deux personnages en quête d’une planche de salut.
L’argument : Sosa est un avocat véreux, un carancho. Spécialisé dans les accidents de la circulation à Buenos Aires, il profite sans scrupules des victimes et s’enrichit grâce aux assurances et à la corruption. Un soir, à la recherche de potentiels clients, il rencontre Luján, une jeune urgentiste. Elle essaye de sauver la vie d’un homme, il essaye d’en faire son client. Leur histoire commence là, dans la rue, la nuit...
Notre avis : Pablo Trapero s’est imposé en une dizaine d’années comme une des figures marquantes du très dynamique cinéma argentin. Avec ce sixième long-métrage de fiction il a même frappé très fort puisque le film a remporté un gros succès dans son pays (650000 entrées), étant même à l’origine d’un projet de loi anti-carancho visant à protéger les victimes d’accidents de la route contre ceux qui exploitent leur détresse et leur méconnaissance des arcanes juridiques.
Il faut dire que Trapero, amateur de films noirs, n’a pas lésiné sur les effets pour embarquer le spectateur dans cette épopée nocturne et violente naviguant entre l’univers des urgences et celui de la criminalité organisée. Les retournements, à vrai dire assez prévisibles, d’un scénario imparable ; l’utilisation du cinémascope en plans généralement très rapprochés ; l’efficacité spectaculaire des scènes de bastons et d’accidents, pour ne pas parler de celles qui se déroulent à l’hôpital, franchement secouantes ; la musique souvent tonitruante : tout porte la marque d’un professionnalisme qui impressionne mais peut faire regretter la liberté de ton des premiers films du réalisateur, Mundo Grúa, El Bonaerense et surtout le fort attachant Familia rodante.
On ne peut cependant nier au film un fort impact documentaire, résultat d’un travail de préparation très approfondi, aussi bien du côté des scénaristes que des acteurs, en particulier de Martina Guzman, épouse de Trapero et producteur exécutif de ses films, qui, avant le tournage, a travaillé plusieurs semaines dans le service des urgences d’un hôpital.
Déjà interprète de Nacido i criado, et surtout de Leonera, elle est tout à fait bouleversante dans le rôle de Luján, la jeune urgentiste dont on devine très vite la fragilité sous l’apparence posée et rassurante. Son partenaire, Ricardo Darin, la plus grande star du cinéma argentin (El secreto de sus ojos) arrive lui aussi à susciter une forte empathie du spectateur avec son personnage embarqué dans une dérive dangereuse mais pas irrémédiablement pourri.
Le talent et l’implication de ces deux acteurs, favorisés par un large usage du plan-séquence, donnent beaucoup de relief à leurs personnages de paumés pour lesquels l’amour pourrait être une planche de salut.
L’illusion passagère du bonheur possible donne d’ailleurs lieu à une fort belle séquence de fête de famille en milieu populaire (les quinze ans de la fille d’une cliente) qui illumine un moment ce film très sombre. On y danse même au son du bandonéon.
Pour ces trouées d’air et pour l’attention chaleureuse portée par Trapero à ses magnifiques acteurs on recommandera donc Carancho en dépit des réserves exprimées plus haut. Les âmes sensibles passeront néanmoins leur chemin.
La bande-annonce : ICI
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Norman06 6 février 2011
Carancho - La critique
Un récit au carrefour du polar, du romanesque et de la dénonciation sociale, bien servi par Ricardo Darín et Martina Gusman, et au final éblouissant. On déplorera juste une noirceur et une violence excessive qui curieusement atténuent la force de l’ensemble. Un film coup de poing !