Tango : zero hour
Le 3 juin 2024
Une déambulation nocturne sur fond de tango. Difficile de résister à cette proposition filmique du cinéaste argentin Edgardo Cozarinsky.
- Réalisateur : Edgardo Cozarinsky
- Acteurs : Gonzalo Heredia, Gregory Dayton, Diego Trerotola
- Genre : Drame, Action, LGBTQIA+
- Nationalité : Argentin
- Distributeur : Épicentre Films
- Editeur vidéo : Antiprod
- Durée : 1h20mn
- Titre original : Ronda nocturna
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 15 février 2006
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Résumé : Buenos Aires, la nuit. Victor, à peine sorti de l’adolescence, déambule dans les rues de son quartier. Protégé par un inspecteur de police, il partage son temps entre le racolage, la drague dans les saunas de luxe et les soirées privées. Sa soif de découvertes et d’expériences le conduit à côtoyer la lisière des deux mondes.
Critique : Buenos Aires, Paris : la nuit est partout la même, avec ses effluves de mystère et d’insolite. Pour passer une nuit dehors, il faut avoir une sacré raison. Victor, protagoniste de Ronde de nuit, est prostitué. Un des ces spécimens de la faune nocturne dont on voudrait se dire qu’ils n’existent qu’au cinéma (Twist), si nous n’avions pas parfois, au détour d’un trajet de voiture, l’occasion furtive de les apercevoir. Nous nous en allons, eux restent. Dans la nuit.
Edgardo Cozarinsky, artiste prolixe alternant littérature et cinéma [1] a choisi de privilégier un certains sens de l’atmosphère, de se laisser aller à ses errances, quitte à ce que la narration puisse paraître distendue. Ce serait là passer à côté d’un récit qui fait la part belle aux rencontres de passage. Un récit où les personnages n’hésitent pas à se raconter des histoires entre eux, comme autant d’ébauches de nouvelles. Car c’est aussi ça le cinéma : l’imaginaire, le hors champ, un certain goût du romanesque.
Si la technique cinématographique n’est pas toujours au point, handicapée par l’utilisation de la DV qui peine à insuffler au film la sensualité et la chaleur qu’il souhaiterait atteindre, Ronde de nuit capte admirablement cet état de flottement du protagoniste qui, comme dans After Hours, traverse la ville et son étrangeté dans un rêve semi-éveillé. La nuit, la ville nous met dans cette disposition de tout accepter sans broncher. Assister à une scène insolite, ne pas s’en étonner, continuer son chemin. Rien de plus normal. Le fantastique pointe régulièrement et rajoute à la singularité de ce film transgenre qu’il serait bien difficile de définir. Une chose est sûre, cependant : Ronde de nuit s’avère particulièrement convaincant dans sa manière de représenter la ville dans sa diversité, ses oppositions, ses ambiguïtés. Bref, dans sa richesse. Le retour du cinéaste à Buenos Aires, sa ville natale, est de ce fait réussi et se démarque vivement de l’imagerie de carte postale qui menace toujours cette cinématographie.
Dans sa manière de se tenir à l’écart d’une narration traditionnelle, de se situer à l’intersection des destins, il est probable que Ronde de nuit ne pas plaira à tout le monde. Mais, plus important peut être qu’une satisfaction passagère, il parlera, chuchotera, aux spectateurs. À tout ceux qui, un soir de blues, ont arpenté les rues d’une grande capitale, juste histoire de sentir le vent de la nuit. Si froid. Si revigorant.
[1] Pour mieux connaître le monde d’Edgardo Cozarinsky, lire son magnifique recueil de nouvelles, La fiancée d’Odessa, paru chez Actes Sud en 2002.
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