Capitaine Achab - Le test DVD

Un fort appel d’air romanesque traverse cette petite merveille poétique qui tente d’inventer une biographie au héros du roman de Melville.

L’argument : 1840. Qui aurait bien pu imaginer que ce jeune garçon lisant la Bible dans une cabane de chasse perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ?
 Personne. Et pourtant, de mains tendues en coups reçus, Achab grandit et s’empare des océans. Devenu un capitaine redoutable, il rencontre une baleine éblouissante de blancheur ?
 Moby Dick.

Notre avis : En partant de simples allusions contenues dans le roman de Melville, Philippe Ramos invente une biographie imaginaire au héros de Moby Dick et la reconstitue au travers de cinq témoignages de proches : son père, sa tante, le pasteur qui recueille l’orphelin et rêve de le mener à Dieu mais doit s’avouer vaincu face à l’appel de la mer, sa femme qui ne peut le détourner qu’un moment de son obsession mystico-érotique pour la baleine blanche, son second enfin sur le Pequod.
La forme fragmentée et lacunaire qu’adopte ce récit initiatique lui permet de laisser ouvertes nombre d’interrogations et le cinéaste parvient à insuffler à ce petit bijou poétique un fort appel d’air romanesque.
Lire la critique de Baptiste Drake : Capitaine Achab

Le DVD

Le beau film de Philippe Ramos est disponible en DVD le 24 mai 2011 chez Arte éditions, accompagné de son esquisse, le court-métrage homonyme réalisé en 2003.

Les suppléments

– Capitaine Achab, le court métrage de 22 minutes, tourné pour Arte en 2003, est un véritable carnet de croquis préparatoires comparable aux esquisses d’un peintre. L’occasion d’expérimenter des solutions radicales et poétiques (la baleine représentée par un corps de femme) dont beaucoup seront reprises et développées dans le long-métrage. La comparaison s’avère passionnante mais la version courte est une œuvre en soi, très belle.

– Conversation sur le pont : Un (trop) bref entretien avec Philippe Ramos qui parle de son envie de faire venir des bois Achab, l’homme de la mer, et du choix des voix narratives pour conserver son mystère au personnage tout en révélant ce qui dans le roman restait caché.

Image

Un transfert de qualité permet d’apprécier le très beau travail du chef opérateur Laurent Desmet. La lumière d’été légèrement aveuglante et les magnifiques couleurs du film sont parfaitement restitués ici.

Son

Que l’on choisisse la simple version stéréo ou celle en Dolby Digital 5.1, le rendu de l’ambiance sonore qui ne privilégie pas les dialogues (au risque assumé de les rendre parfois à peine intelligibles) est plus que satisfaisant. Les cinq voix off aux timbres si caractéristiques (Stévenin, Bonaffé) qui nous murmurent le récit à l’oreille et les musiques, toujours judicieusement choisies (Pierre Stéphane Meugé, Olivier Bombard et Tonio Matias pour les compositions originales, mais aussi Fauré, Sibélius, des chansons de marins, des blues) peuvent à loisir exercer leurs entêtants sortilèges.