Le bûcher des vanités
Le 1er novembre 2011
Une Jeanne décevante, qui se livre à des expérimentations formelles non dénuées d’intérêt, mais desservies par une impression d’amateurisme.
- Réalisateur : Philippe Ramos
- Acteurs : Thierry Frémont, Clémence Poésy
- Genre : Drame, Historique
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 16 novembre 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
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Une Jeanne décevante, qui se livre à des expérimentations formelles non dénuées d’intérêt, mais desservies par une impression d’amateurisme.
L’argument : A l’automne 1430, Jeanne d’Arc, prisonnière d’un puissant seigneur du Nord de la France, est vendue aux Anglais. Entre les murs qui l’enferment, le temps d’un convoi longeant la mer ou près du bûcher qui la verra périr, des hommes tentent d’approcher cette jeune femme porteuse d’infini.
Notre avis : Sur le papier, on aurait pu croire que cette nouvelle version de Jeanne porterait un regard neuf sur ce "mythe" qui, de Dreyer à Luc Besson en passant par Fleming, Rossellini, et Rivette, n’a cessé d’inspirer des cinéastes de tout horizon. "Mythe" en effet, car il revient au critique de composer avec la part de mystère inhérente au sujet abordé et de tenir compte de la liberté que le cinéma se doit de prendre avec la vérité historique. Centré sur la période du reniement de Jeanne par le roi Charles VII, le film de Ramos privilégie une approche intérieure et préfère les ambiances confinées aux extérieurs chevaleresques ; choix qui, dans l’ensemble, n’est pas sans pertinence, mais semble davantage motivé par des contraintes budgétaires que par un réel parti pris esthétique. En effet, l’ambition de Jeanne Captive est par trop démesurée au regard du budget modeste dont le film a pu se doter.
Même si l’intention du cinéaste consiste de toute évidence à délaisser l’éclat et l’héroïsme pour interroger les zones d’ombre de son personnage, la Jeanne qu’il propose n’en reste pas moins ancrée dans les codes du drame historique, genre qui suppose, quels que soient les usages qui en seront faits, un minimum de moyens techniques. Sans parler des scènes de groupe où les décors, la propreté des costumes et l’absence de figurants anéantissent toute forme de crédibilité, les séquences autour de Jeanne semblent figées dans un amateurisme qui met mal à l’aise. La faute n’en incombe d’ailleurs pas seulement à la modestie du budget, mais également à la faiblesse des dialogues qui desservent complètement la performance de Clémence Poésy, peu accordée au minimalisme de l’ensemble.
Minimalisme, donc, mais davantage par dépit que par une réelle motivation esthétique. Perdus dans cette reconstitution bridée et dans une mise en scène qui dissimule en permanence les faiblesses techniques du film, les acteurs s’escriment en vain à être crédibles. On pourra toutefois rendre justice aux dernières séquences, non dénuées de charme, en grande partie grâce à la présence d’Amalric. Et à une tentative d’expérimentation louable, qui ouvrira peut-être la voie à d’autres essais plus convaincants, pour extirper Jeanne de sa constante mystification et proposer une autre vision de cette figure passionnante.
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