Le 21 février 2019
Ces monologues présentant treize personnages en proie au doute affectif confirment la rigueur d’un cinéaste exigeant.
- Réalisateur : Philippe Ramos
- Acteurs : Denis Lavant, Anne Azoulay, Jean-François Stévenin, Melvil Poupaud, Jacques Bonnaffé, Françoise Lebrun, Jacques Nolot, Pauline Acquart, Alice de Lencquesaing , Mélodie Richard, Rémy Adriaens, Lise Lamétrie, Hovnathan Avédikian
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h10mn
- Date de sortie : 10 avril 2019
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Résumé : Des femmes et des hommes se perdent dans leurs pensées au hasard des heures du jour et des rues de la ville. De cette soudaine intimité, les murmures de leur petite voix intérieure nous laissent entendre les inquiétudes de l’amour.
Critique : Philippe Ramos (Adieu pays, Jeanne captive) est une personnalité discrète du cinéma d’auteur français, qui avait enthousiasmé notre rédaction avec Capitaine Achab, adaptation audacieuse de Moby Dick. Les Grands squelettes, son quatrième long métrage, dont il a également écrit le scénario et assuré le montage, est né de la volonté de cerner les préoccupations des inconnus qu’ils croisent dans la rue au quotidien : « À Paris, j’aime observer les gens perdus dans leurs pensées. Souvent, je me demande quels mots viennent à leurs esprits ou quelles images apparaissent devant leurs regards si vagues », précise le cinéaste. Il a alors choisi de filmer treize personnages plongés dans une certaine solitude, plutôt anxieux ou tristes, et chercher les fantômes qui les hantent, en faisant entendre leur petite voix intérieure.
- Copyright Alfama Films
On pourra donc voir à l’écran un quadragénaire (Melvil Poupaud) s’interroger sur les raisons de sa chute, un facteur (Jacques Bonnafé) se soucier des sentiments de son jeune amant, une jeune femme (Alice de Lencquesaing) s’émouvoir de la perte d’attention de son amie plus âgée, un vieil homme (Jacques Nolot) méditer sur un parc, un autre (Jean-François Stévenin) se remémorer son passé en faisant du rangement, une nageuse (Anne Azoulay) en proie au doute affectif, une vieille femme (Françoise Lebrun) au seuil de la mort. Défilent aussi sous nos yeux un jeune homme résistant à ses envies de masturbation ou un sans-abri (Denis Lavant) qui semble échapper d’un film de Carax… Pour se mouvoir dans cet univers intimiste, Ramos s’est entouré d’acteurs dont la plupart ont travaillé avec lui, ou sont familiers de ce genre de fiction (Jacques Nolot). L’approche est donc minimaliste, et le film se présente comme une succession de saynètes épurées, les plans fixes alternant avec des photographies, le tout étant relié à des en-têtes de chapitres de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes.
- Copyright Alfama Films
Le résultat aurait pu être foutraque, ampoulé, précieux ; le film évite ces écueils et se situe dans la lignée d’un certain cinéma français refusant toute concession : on songe à Bresson pour la bande sonore silencieuse, à Marker pour l’exploration de notre for intérieur, à Godard pour le jeu avec le ralenti et l’image arrêtée, à bien d’autres… Ce qui n’enlève rien à l’ambition et au talent de Philippe Ramos. On regrettera juste quelques tics stylistiques, comme ces brèves poses d’acteurs nus (tendance Brisseau ou Dumont) qui n’apportent rien au dispositif. Mais c’est un détail compte tenu de la cohérence du projet et ces treize monologues méritent le détour.
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